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main tenant
8 mai 2021

Lieux communs

En cette période incertaine où nul ne sait s’il peut envisager un prochain voyage, une carte a circulé sur internet récemment : la carte des lieux communs. Certes il est beaucoup d’autres lieux communs qui ne trouvent pas leur place dans la carte mais « le soleil brille pour tout le monde » et « chacun voit midi à sa porte ». Je vous invite à déambuler dans les chemins et paysages de la carte reproduite ici, en passant au minimum par quatre lieux qui y sont mentionnés et en ajoutant au moins une expression qui sera aussi un lieu commun (phrase toute faite, expression que l'on entend partout, idée reçue, etc.). 

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Exemple :

Mon voisin Aristote me rend visite quotidiennement. Comme souvent il parle pour ne rien dire, je cherche à l’éviter en m’enfermant dans ma tour d’ivoire. Malheureusement, de l’autre côté de la route, Aristote a investi récemment dans un moulin à paroles, construit sur une butte pour brasser du vent et son bavardage m’atteint plus que de raison. Discrètement, alors, je traverse le pré où l’herbe est plus verte et pars me promener sur les rives du long fleuve tranquille. Il y a, connu de moi seul, un passage à gué qui me permet d’éviter le pont d’or qu’on a fait au maire du village pour qu’il vienne s’y installer. Il avait fait construire à proximité une usine à gaz promettant des emplois par milliers, mais, comme on le sait, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Passé donc sur l’autre rive, je me réfugie volontiers à l’orée, au creux de l’arbre qui cache la forêt et me cache par la même occasion. Là, je peux ouvrir mon livre jusqu’à ce qu’il soit l’heure de tourner la page.

C’est à vous main tenant. Merci de poster votre texte truffé de lieux communs dans les commentaires ci-dessous.

Commentaires
E
Quand on traverse le pont d’or, immatériel, une brume ocre enveloppe les corps assoupis. Son souffle salé déchire les peaux gercées. Parfois, on entend le bruissement des paillettes blondes qui tombent sur un miroir trempé quand sonne le temps des rémissions. Et les plaies béantes cicatrisent. On entend, alors, leur dernier écho dans la vallée des larmes. La pente abrupte abrite les fossiles d’eau croupie qui roulent au rythme des tintements de tristesse. Et de colère. Les émotions mêlées s’écoulent sur le versant sirupeux au soleil aigre. La mauvaise pente. Inonde le fond de vallée de son torrent d’injures et de regrets. Ici, l’amas de rebus opales transperce l’air pondéreux. La tour d’ivoire dans ce grand ciel ouvert difracte à l’aurore l’azur et le violet. Dans le silence vespéral s’illumine le point de non-retour. <br /> <br /> <br /> <br /> Les vents chauds de l’enfance ressassent nos stigmates capiteux. Les châtiments résonnent parfois de secrets insondables.<br /> <br /> <br /> <br /> J’ai prêché dans le désert. Loin des hommes, dans l’oubli. Sur une peau diaphane, j’ai craché ma virginité abolie. Je suivais le bleu du pétrole qui suintait sur l’estampe de sable fibreux. Sur ces pistes brouillées, j’ai crié en silence pour liquéfier mes rêves. Couchée par le blanc irradié, je mordais la poussière crémeuse quand la boucle du temps a rompu. Déroulant son épilogue dans une déflagration intangible. Dans le vide, une mousse verte brille du dessein de l’aube sur mes ruines. <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut trouver son chemin de Damas me disait-on.<br /> <br /> <br /> <br /> (pont d’or/ vallée des larmes/mauvaise pente/torrent d’injures/tour d’ivoire/ ciel ouvert/point de non-retour/ prêcher dans le désert/brouiller les pistes/mordre la poussière/sur les ruines/trouver son chemin de Damas)
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F
Il a fait son chemin de Damas, mais en sens inverse. Il a pris un chemin semé d’embûches, il n’a pas eu d’autre choix que la voie difficile, pas celle du long fleuve tranquille. Il a vu l’enfer, celui des autres, pavé de mauvaises intentions. On lui a tout pris, y compris ce qui n’a pas de valeur, mais il a gardé sa dignité et il a eu tous les courages, avant de s’échouer ici. Ce qu’il a enduré était la mer à boire. Il a pris des coups, il a eu soif, il a eu faim, tous ceux qui comptaient pour lui, sur lui, sont morts.<br /> <br /> A l’arrivée, il a été accueilli avec des coups de bâton, des menottes et une cellule surpeuplée. Malgré la barrière de la langue, il a compris le torrent d’injures dont on l’agonisait, il a su qu’il n’était pas le bienvenu, alors, il a perdu l’espoir. Comme un criminel, il a été enfermé derrière de hauts murs et des fils barbelés. Pour combien de temps ? Tout le temps nécessaire à l’étude de l’hypothétique recevabilité de sa demande d’asile. Il n’est pas parti pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs, il a fui la vallée de larmes qui constituait son paysage. Il a tout perdu en route, on lui a tout pris, mais il lui faut prouver qu’il arrive des enfers et qu’il est poursuivi par Cerbère, que son ventre est vide depuis longtemps et qu’il n’a rien ni personne d’autre que lui-même, au monde.<br /> <br /> Il a vu les plaines fertiles inaccessibles, le désert immense, la mer à perte de vue, la montagne infranchissable, la jungle impénétrable, il a vu la désolation, le chagrin et la mort. La joie a quitté son cœur depuis longtemps, mais à l’arrivée, au pays des droits de l’homme et du citoyen, au pays des lumières, il ne veut plus que disparaître.
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K
Surpris par le nombre d'engins spatiaux qui leur arrivaient de la terre, les Martiens étaient venus jeter un coup d’œil sur notre planète pour voir si l'herbe était plus verte que chez eux. <br /> <br /> <br /> <br /> Nos autorités, estimant que les guider n'était pas de leur niveau, m'avaient désigné pour cette tâche et s'étaient réfugiées dans leur tour d'ivoire, laissant le bon peuple dans sa vallée de larmes. <br /> <br /> <br /> <br /> C'étaient de vrais moulins à paroles, mais ils furent longs à comprendre que la barrière de la langue réduisait beaucoup les contacts. <br /> <br /> Bref, à l'impossible nul n'est tenu, il fallait me faire une raison, mais ce fut mon chemin de Damas, une vrai source d'ennuis, bien loin d'un long fleuve tranquille. <br /> <br /> <br /> <br /> En plus, ils voulaient tout voir, leurs champs d 'investigation était sans limites, et ils cherchaient la petite bête en voulant des explications sur les masques. Ils m’énervaient et dans mon for intérieur, je leur balançais - en silence - des torrents d'injures. <br /> <br /> <br /> <br /> Chez eux, ils s'étaient monté le bourrichon sur notre civilisation, mais arrivés ici, ils avaient perdu leurs illusions. Ils avaient fait chou blanc dans leur mission. <br /> <br /> Ils se firent une raison et contre mauvaise fortune bon cœur. <br /> <br /> Ils se décidèrent enfin à partir et m’offrirent un pont d'or pour les accompagner, ce dont je les remerciai poliment. <br /> <br /> <br /> <br /> Sûr qu'au retour chez eux, on allait leur chercher des poux dans la tête. Les absents ayant toujours tort, et l'occasion faisant le larron, l'opposition en profita pour faire ses choux gras de leur échec. <br /> <br /> <br /> <br /> Moi, j'ai fait ce que je pouvais et j'ai bien gagné mon bâton de maréchal.
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F
Sa vie avait été un long fleuve tranquille pendant des années. <br /> <br /> Il avait monté un magasin de location de déguisements, en ville. Un rêve de longue date. <br /> <br /> Son petit commerce marchait très bien jusqu'à ce que la crise l'oblige à fermer boutique <br /> <br /> <br /> <br /> Il se dit alors qu'il n'aurait pas dû placer toutes ses billes dans le même panier. <br /> <br /> Malgré les aides, il n'avait plus qu'à mettre la clé sous la porte. <br /> <br /> Que faire ? Surtout ne pas s'enfermer dans une tour d'ivoire au milieu d'une vallée de larmes. <br /> <br /> Il faudrait passer à autre chose, tourner la page, et surtout, ne pas prendre une fausse route. <br /> <br /> Que faire quand on aime comme lui les costumes de héros de tous les âges et toutes les époques ? Que faire quand on aime voir ses clients repartir avec des étoiles dans les yeux ? <br /> <br /> <br /> <br /> En battant la campagne, il divagua beaucoup avant de trouver son chemin d'Emmaüs. <br /> <br /> " En ces temps difficiles, j'ai vraiment besoin d'une activité. Le travail c'est la santé. <br /> <br /> Je sais bien que je ne peux pas être à la fois, à la foire et au moulin. <br /> <br /> Beaucoup de possibilités qui s'offrent à moi sont source d'ennuis. <br /> <br /> Ces amis qui me conseillent sont des moulins à paroles. D'ailleurs, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. <br /> <br /> On ne peut même plus partir du pays pour bâtir des châteaux en Espagne ou parce que l'herbe est plus verte ailleurs. <br /> <br /> On ne peut pas montrer le chemin à celui qui ne sait où aller. <br /> <br /> Je dois trouver ce chemin."
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J
ON CASSAIT DU SUCRE SUR MON DOS<br /> <br /> On cassait du sucre sur mon dos et je faisais la une des journaux, au bar tabac du coin, depuis le jour où j’avais déclaré vouloir séduire la patronne. Il a un pète au casque disaient certains, une case de vide répétaient d’autres, mais tous pensaient, surtout lorsqu’ils visaient l’armoire à glace qu’elle avait épousé, que j’allais m’écrouler comme un château de cartes. <br /> <br /> Lui, c’était un fort en gueule, avec des bras comme mes cuisses et un petit pois dans le cigare. Trente ans d’alcool avait fait son œuvre. Pour preuve l’autrefois il avait confondu sciences occultes avec érotisme. Il glissait sur une mauvaise pente que j’me disais, <br /> <br /> Le problème c’est qu’elle aussi m’avait remarqué, ça se voyait maintenant comme le nez au milieu de la figure. J’en étais plutôt fier, car la patronne était du genre comme j’aime : tout en lévitation dans son corsage. <br /> <br /> J’allais plonger dans le grand bain, prêt à franchir le Rubicon, sauf qu’à l’instant T. Boum ! Je me suis réveillé.
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