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main tenant
24 avril 2021

Revenir nie le rêve ?

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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

On connaît ce poème que Joachim Du Bellay écrivit quand il était à Rome. Mais d’autres textes diront le contraire. Barbara, par exemple chante : « Il ne faut jamais revenir / aux temps cachés des souvenirs / du temps béni de son enfance ». Et on peut aussi contester le « vivre entre ses parents le reste de son âge », puisque le roi d’Ithaque, Ulysse lui-même, une fois rentré près de Pénélope, repart. Quant à Jason, d’abord exilé avec Médée après son retour de la conquête de la Toison d’or, il verra celle-ci tuer leurs enfants et la femme qu’il lui a préférée. Une autre chanson, de Jacques Higelin dit : « Pars et surtout ne te retourne pas » avant de conclure par « Reviens-moi vite ». Vous avez peut-être déjà vu et entendu « L’histoire du soldat » (Ramuz - Stravinsky) que personne ne reconnaît quand il revient dans son village…

Ainsi donc le retour est souvent une confrontation avec le passé, comme l’ont montré de nombreux livres et films, et on ne retrouve jamais les choses comme on les a laissées ou comme on en a gardé le souvenir.

Dans votre texte, aujourd’hui, je vous invite à raconter l’histoire d’un retour tel que vous l’avez lue dans un livre ou vue dans un film. Vous pouvez aussi inventer cette histoire.

Exemple :
Voilà des années qu’il est parti vivre sa vie à la ville. Il y a rencontré beaucoup de gens, est tombé amoureux d’une comédienne qui se moque de lui, pense-t-il, au point qu’il décide un soir de retourner dans la campagne où il a passé les meilleures années de son enfance. Il retrouve la nature, la lenteur, les promenades mais son amour d’enfance, qui le reçoit avec plaisir, est sur le point de se marier, elle qui fut un jour déguisée en épouse à l’occasion d’un mariage fictif où il était l’époux au cours d’une fête au village. Elle va se marier et il regrette d’être parti quand il croyait que le monde allait s’ouvrir à lui. Il ne peut reprendre son enfance où il l’avait abandonnée et il ne s’en remettra jamais. C’est peut-être pour ça qu’il passera le reste de son existence dans des voyages incessants, pour retrouver cette enfance perdue sans jamais pourtant y revenir.

C’est à vous main tenant. Merci de poster une histoire de retour dans les commentaires ci-dessous.

(La toile reproduite vis-à-vis du poème est de Camille Corot)

Commentaires
E
Il rêve, rêve d’inférence. Nu contre sol, la peau pègue dépliée sur le parquet brulant d’une chambre vide. Les rayons rouges de l’aurore se révèlent dans la poussière de plâtre ruisselante. Dans cet état de grâce et de paresse, son corps crispé échoit aux quatre murs de béton brut et de papier peint déteints. Convulse au passage des voitures lancées à pleine vitesse sous l’immeuble isolé, belvédère d’un échangeur solitaire. Etouffe dans cet air chargé de départs. <br /> <br /> Il ressasse, rêve d’inertage. A midi, à la pluie silencieuse, il imagine une rencontre dans ces rues de l’enfance où la lumière crue dore les murs de failles profondes. La mélodie de la ville se construit de râles et de soupirs, de rire gras et de plaintes trop longues. Temps des amants et des gens ivres, siècle clair d’écrans opales entre les miséreux et des héritiers. Il pleure sous la pluie. La nostalgie d’un passé révolu. <br /> <br /> Il sommeille, rêve d’enthalpie. Le tintement tu des sequins dans sa chevelure sombre au roulement de ses hanches aujourd’hui sous le marbre. Etre en ce lieu avec une autre où les chairs féminines s’entremêlent dans une toile pâle détressée. Dévoré du prévisible, son cœur malléable se charge des images en marge et sans temps. <br /> <br /> Il reconsidère, rêve d’irréversible. Son fantôme s’éteint sous la lune cette nuit. Sa peau bleue s’efface sous l’épave d’un château d’eau puis s’éteint dans les cendres de son écharpe de velours sombres. Son ombre s’épuise dans un souffle. Dans un gaz sans forme, il exulte la plasticité de sa léthargie et cède à sa condition. <br /> <br /> Il répare ses souvenirs au présent et pardonne, l’altérité des hommes. Il plonge dans la signifiance sans récidive. Echoue d’échoir. Repart dans les songes. Pour s’écrouler dans un cercle infini.
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K
Emile avait été mobilisé en 1940 pour garder la frontière et quand l'ennemi envahit le pays à la vitesse de l'éclair, il fut fait prisonnier et envoyé en Allemagne. <br /> <br /> Il laissait sa femme avec ses deux enfants pour s'occuper de leur petite ferme dans une vallée perdue des Vosges. <br /> <br /> <br /> <br /> Vu son métier, on l' envoya travailler dans une ferme de la riche Bavière dont l’agriculteur était lui-même au front. <br /> <br /> Il commença par la moisson et fut surpris par l'équipement: une faucheuse coupait le blé, le mettait en bottes qui étaient transportées à la ferme sur un chariot tiré par un tracteur. Plus tard, une batteuse en tirerait le grain. <br /> <br /> On était loin du fauchage et de la confection des bottes à la main de chez lui et du battage chez le voisin mieux équipé. <br /> <br /> La ferme était importante: grange à foin, pièce aux grains bien fermée, vaches à lait, élevage de cochons. Et le top pour Emile : l’électricité alors que chez lui c'était lampes à pétrole et bougies. <br /> <br /> <br /> <br /> Ces découvertes rendaient encore plus difficile la lecture des lettres de sa femme où elle décrivait la dureté de sa vie, avec les travaux, les réquisitions, les contrôles tout en subissant la présence de l’occupant. <br /> <br /> Le fait qu'il ne pouvait la secourir ne faisait que rajouter à sa nostalgie <br /> <br /> Mais la guerre dure trop. Elle use. La lassitude s'installe petit à petit. Les lettres s'espacent . <br /> <br /> " Les gosses ont du grandir, les reconnaîtrai-je? Et ma Jeannette, comment est-elle? Est-ce qu'elle tient bien le coup? <br /> <br /> Ici, si on fait bien le travail, on ne nous maltraite pas, on est bien nourri." <br /> <br /> <br /> <br /> 1945: long retour au pays. <br /> <br /> Premier choc pour Emile: l'état du village qu'il avait presque oublié, fermes vieillottes, avec le tas de fumier dans la cour, rues en mauvais état, chariots et charrues tirés par des vaches, pas d'électricité( c'était dur ). <br /> <br /> Et puis se sentir un peu perdu dans cette vie que son souvenir avait embellie, les gens qui ont changé, les familles endeuillées dont les hommes n'étaient pas revenus."Lui au moins y a échappé". <br /> <br /> <br /> <br /> Et sa petite Jeannette, elle en a bavé, elle est aigrie, tant de difficultés pour élever seule les deux enfants qui ne le reconnaissent pas. <br /> <br /> Il a du mal à retrouver à retrouver la jeune femme qu'il a quittée il y a quatre ans. <br /> <br /> Alors, rien ne va... <br /> <br /> " Je ne peux plus vivre dans cet univers qui n'est plus le mien, alors il faut que je m'en aille"
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F
Ne repasse jamais par tes pas, perdus ou pas, ne rebrousse pas chemin, jamais.<br /> <br /> Mesure le temps qui a passé et la blessure qui a guéri, à grand peine. A quoi te servirait de revenir sur tes pas ; Ne la ravive pas.<br /> <br /> Rien de bon ne t’attend là-bas parce que rien n’était bon pour toi, dès le départ, tu le sais bien.<br /> <br /> Poursuis ta route, ton bonhomme de chemin.<br /> <br /> Fais de ton mieux, et si tu dois te battre, que ce soit pour la dignité de ceux qui n'ont rien.<br /> <br /> Ne démérite pas.<br /> <br /> N’attends rien en retour, pas même un merci.<br /> <br /> Ne regarde pas le chemin parcouru, il n’existe déjà plus.<br /> <br /> Mets tes pas dans ceux des aventuriers, des chercheurs de bonheur, des découvreurs de joie, des dénicheurs de talent, des créateurs de beauté, des poètes, qui mettent des mots sur des maux, et des rêveurs, qui inventent le monde pour le rendre meilleur.<br /> <br /> Prépare le chemin pour la jeunesse.<br /> <br /> Pose tes pieds là où se sont posé ceux qui vont de l’avant, à tes côtés, et ne te jugent pas.<br /> <br /> Qu’as-tu à faire du passé ?<br /> <br /> De grâce, renonce à ce demi-tour.<br /> <br /> Hier n’a plus d’importance, crois-moi, seuls comptent aujourd’hui et demain. <br /> <br /> Nul ne repasse par le temps perdu et ce qui a été vécu en valait la peine.<br /> <br /> Ce qui a été fait ne peut se défaire.<br /> <br /> Ce qui a été dit ne peut se dédire.<br /> <br /> Ceux qui sont partis ne reviendront plus.<br /> <br /> Alors, dis, pourquoi ce retour en arrière, puisque que tu connais l’ultime destination ?<br /> <br /> Il faut du courage pour avancer.<br /> <br /> N’y retourne pas, puisque je n’y suis pas.
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F
Par la grille de la propriété à vendre, Julie vit une allée bordée de grands arbustes en pots, aux magnifiques fleurs mauves. <br /> <br /> Le propriétaire de la maison vint à sa rencontre et lui expliqua que ces fleurs étaient des jacarandas. Il s'arrêta plusieurs fois pour les faire admirer à sa visiteuse. <br /> <br /> Il avait connu cette espèce d'arbres à Oaxaca, au Mexique d'où sa femme était originaire. <br /> <br /> Il avait travaillé pendant des années dans une société de construction de barrages, là-bas. <br /> <br /> Il avait trouvé tous les bonheurs du monde au Mexique de cette époque. <br /> <br /> D'ailleurs, il n'était jamais retourné au pays. C'est la famille qui était venue depuis la France. <br /> <br /> Il avait eu la chance de rentrer quelques mois avant la disparition de ses parents. <br /> <br /> <br /> <br /> Les jacarandas, c'était la passion de sa femme, fille d'horticulteurs. <br /> <br /> Elle savait où on pouvait trouver ces arbres dans le monde entier. <br /> <br /> Elle voulait les faire connaître dans leur région quand ils iraient vivre en France. <br /> <br /> Elle y travaillait dur depuis leur retour, autour de Grenoble, mais cela restait difficile. <br /> <br /> <br /> <br /> Le retour au pays n'avait pas été facile. Beaucoup d'amis disparus, un climat de montagne éprouvant. Et puis le fils qui ne voulait pas habiter là.<br /> <br /> De nos jours, on ne peut plus garder une maison aussi grande. <br /> <br /> <br /> <br /> Monsieur Ivrard fit entrer Julie par un perron carrelé . " Tous les carrelages sont d'époque ". <br /> <br /> La visite commença par celle d'une grande cuisine en formica. C'est là que la famille se réunissait pour préparer les repas. " Les hommes chez nous mettaient la main à la pâte. Il nous fallait de la place ". <br /> <br /> Chaque pièce de la maison semblait avoir une histoire. L'immense table de salle à manger avait été construite sur mesure. L'ébéniste, un ami du père, avait disparu. Tant de monde a disparu. Les enfants jouaient sous la grande nappe lors des grandes réunions de famille. <br /> <br /> <br /> <br /> La visite continua sur ce ton de regrets des beautés et des joies du temps passé. <br /> <br /> En passant par les chambres, Julie apprit tout des jeunes années du maître des lieux. Il était heureux et il rêvait pourtant de quitter son pays, pour courir le monde. <br /> <br /> <br /> <br /> Les anecdotes faisaient sourire Julie et gonflaient son cœur. Quelle chance que cette grande bâtisse ait été si bien habitée ! Que des bonnes ondes imprégnées dans les murs ! <br /> <br /> <br /> <br /> Quand la visite de la maison avec son jardin et sa serre se termina, Julie sentit que Monsieur Ivrard était très ému d'avoir évoqué ses souvenirs. <br /> <br /> Elle demanda une deuxième visite pour faire une offre d'achat. <br /> <br /> Quelle ne fut pas sa surprise quand le vendeur lui répondit. : " Ma femme et moi, nous allons nous donner un temps de réflexion de quelques semaines. <br /> <br /> Il m'en coûte décidément beaucoup de quitter cette maison en ce moment. <br /> <br /> Nous vendrons peut-être pour partir au sud mais un peu plus tard. <br /> <br /> Tout est lié aux jacarandas que nous aimons tant : perspectives de plantations dans des jardins, vente dans des jardineries. Ma femme pense même à des arbres dans une ou deux rues de la ville. C'est un beau programme. <br /> <br /> Si tout se passe bien, nous resterons ici ".
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I
La nuit dernière, j'ai rêvé que je retournais à Manderley.<br /> <br /> Je m'appelle Mrs de Winter. Mon mari a tué sa première femme, Rebecca, avant de me rencontrer.<br /> <br /> Elle le faisait trop souffrir.<br /> <br /> Une méchante gouvernante a mis le feu au château.<br /> <br /> Je sais que je ne reviendrai jamais à Manderley et pourtant je revois chaque pièce, les couloirs interminables, la chambre de Rebecca, les salons où l'on donnait jadis de grandes fêtes.<br /> <br /> C'est comme si dans mon cœur je retournais vivre pour toujours à Manderley.<br /> <br /> C'est là que j'ai passé les premiers jours après mon mariage et mon voyage de noces avec Maxim, mon mari. <br /> <br /> Je voudrais vivre éternellement avec mes souvenirs d'un bonheur perdu.
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