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main tenant
27 mars 2021

Le diable

Vous ne connaissez pas le sujet de ce roman dont vous avez aperçu la couverture dans une librairie ou sur un moteur de recherche. Vous savez que l’auteur est russe, que le titre est composé d’un mot précédé d’un article et vous faites une recherche. Non ce n’est pas le joueur, ni l'idiot, ce n’est pas Dostoïevski, ce n’est pas le nez, ni le manteau, ce n’est pas Gogol. Vous retrouvez : c’est Le diable, c’est Tolstoï. Mais il y a des couvertures différentes. Vous n’avez toujours pas lu ce livre et vous devez choisir. Choisissez une édition et dites ce que vous raconte la couverture (cliquez sur les images pour les agrandir).

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Exemple :
La littérature russe, j’avoue ne pas bien la connaître. Il faudrait que je m’y mette et que je choisisse un ouvrage. Je n’ai pas non plus lu tous les classiques français, les Flaubert, Zola, Balzac, Stendhal…  Alors choisir. Au hasard, ce sera Le diable, de TolstoÏ. Ce pauvre bougre, un pistolet fumant dans la main droite, l’air interdit comme s’il s’excusait de ce qu’il vient de faire. Tuer ? Mais qui ? Une femme peut-être. C’est au jeu de la roulette russe ou par un effet de la jalousie qui excuse trop facilement les meurtres dans les livres, et parfois dans la réalité. Et le diable, c’est la mort et l’enfer, même dans le climat âpre de la Russie. Et si le diable c’était lui, cet homme encore jeune, marqué par la dureté de l’existence ? Allez, c’est celui que je vais lire. On verra bien.

C’est à vous main tenant. Choisissez la couverture, dites pourquoi et ce que vous attendez du livre (sans chercher un résumé sur internet). Et puis postez votre texte dans les commentaires ci-dessous. Merci.

Commentaires
L
"Que diable fais-tu!" argua ma mère, en entrant avec fracas dans ma chambre. Mon coeur et mon corps tout entier sursautèrent. Un léger bruit contenu par la peur sortit timidement de ma bouche. Je tenais entre les mains, un ouvrage de Léon Tolstoi que je venais de commencer et dans lequel j'étais absorbé. <br /> <br /> "Bon sang maman, pourrais-tu frapper à la porte la prochaine fois stp? Tu m'as fichu une peur bleue!". Elle ne répondit rien et referma la porte, sans aucun mot. <br /> <br /> Mes yeux replongèrent immédiatement à l'endroit où ils avaient été interrompus. La relation de ce jeune homme épris d'une paysanne me saisissait: "Il attendait follement Stépanida, il attendait que par une sorte de miracle elle comprenne à quel point il la désirait". De quelle manière allait finir leur histoire "d'Amour" si c'en est bien une? Etait-elle assumée à cette époque ou bien mal perçue d'un point de vue religion? Le bien, le mal? Mes interrogations me poussaient à suivre ma lecture. <br /> <br /> Mes doigts effleuraient la couverture épaisse et froide de l'ouvrage. Elle représentait le visage d'une femme à moitié caché dans l'obscurité. Serait-ce Stépanida? C'est le visage d'une femme intimidante, presque dominatrice qui est représentée. Le noir inonde largement la couverture et laisse entrevoir un oeil perçant, une pommette saillante, un demi-nez et une partie des lèvres, pulpeuses. La tentation. C'est bien la tentation que l'auteur a voulu illustrer ici. Le personnage de Stépanida en est l'incarnation. Elle est peut-être d'ailleurs associée, dans l'imaginaire de l'auteur, au Diable comme elle est le fruit de ses désirs.
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E
Dans une aube bleue, une chambre vide. Un vent salé embaume la pièce épurée de fraicheur. La peinture s’écaille sourde. <br /> <br /> Ils somnolent à l’éveil de la ville. Un souffle feutré a fermé les persiennes sur les deux corps engourdis. Dans le ressac des draps, les rêves se mêlent un temps à des souvenirs inachevés. <br /> <br /> Un rayon bleu frissonne sur son visage. Il ouvre les yeux. <br /> <br /> Immobile et glacé, le corps nu face à lui. Une femme révèle entière son âme trouble. L’émail d’un sein fragile où éclate l’apparition amère de l’autre. L’enfer des reflets.<br /> <br /> Elle refuse la rupture.<br /> <br /> Lui, contemple sa lâcheté mûre. Ecœuré. <br /> <br /> Le désir, silencieux, l’a quitté. Et aucune lumière ne peut la soulager. <br /> <br /> Ce sont deux cendres à la brise chaude d’un printemps qui s’élèvent un temps et chutent subitement sur un sol sobrement hostile. Rien de plus.<br /> <br /> Les cris de la femme s’estompent et les larmes se désagrègent. Le fantôme de son corps demeure un instant et se dissipe dans la peinture. <br /> <br /> Il se trouve à présent seul dans cette pièce vide. Et caresse l’épiderme sec d’un brouillard. <br /> <br /> Il retourne ses souvenirs et balaie des images, indifférent.<br /> <br /> A nouveau, cet état. Le cœur mou et le souffle lourd. <br /> <br /> L’air est très dense. Ses yeux brulent épuisés. <br /> <br /> A nouveau, seul, face au temps et l’espace.<br /> <br /> Une pellicule de sable blanc s’est répandue sur le parquet blessé. Elle coule, maintenant, sur les murs Et se mêlent dans sa chute des films de la vielle peinture. <br /> <br /> Il ne retournera pas parmi la foule des corps anonymes. Il le sait. <br /> <br /> A présent, seul, face au diable.<br /> <br /> L’amas de sable embrasse longuement son corps et l’envahit.<br /> <br /> Ne reste que le diable.
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F
Il est hors de lui. Il n’est plus là et d’ailleurs, l’a-t-il jamais été ? Il est peut-être coincé quelque part, mais où ? Il est Horla sur cette couverture du roman de Guy de Maupassant, un autoportrait, mi-effrayé, mi-dément de Gustave Courbet, en somme, un « désespéré ».<br /> <br /> J’ai ce livre depuis mes 15 ans. Peu à peu, son contenu s’est érodé dans mes souvenirs, me laissant une impression malsaine de syphilis répandue sur la misère, mais cette couverture reste imprimée à jamais dans ma mémoire. Il me semblait que cette folie faisait écho à la mienne, que ce mal-être perceptible dans cette main posée sur un front que l’on devine brûlant, était le mien, ce hors-là correspondait bien aux affres que je traversais dans mon adolescence solitaire. C’était bien plus Gustave et moi : même combat, qu’un rapprochement avec Guy, dont j’ai fini par me lasser, contrairement à ce Gustave Courbet, dont je ne me fatigue pas et que j’admire encore beaucoup aujourd’hui, bref, avec qui j’ai toujours des accointances.<br /> <br /> Parce que c’est moi que je trouve dans ce regard à demi parti, cette main brûlante posée sur une tête embrumée, comme pour la retenir, cette bouche entrouverte, figée sur un cri qui ne veut pas sortir, bloqué dans la gorge, et la chaleur du feu intérieur intense qui paraît dans ces yeux humides qui consume cette tête, et puis ces joues rouges, de colère plus que de fièvre, peut-être.<br /> <br /> Il y a comme un tumulte dans cette figure, et c’est bien moi que je retrouve dans ce tourment. Je partage cette confusion de n’être ni au bon endroit, ni au bon moment, cette impression de marcher toujours à côté.<br /> <br /> C’est bien mon désespoir qui est peint dans une fraternité de damnés, une promiscuité, à travers les siècles, une unicité dans une humanité en souffrance.<br /> <br /> Dans ce Hors-là « désespéré », je trouve la même consolation de n’être pas seule, après tout, comme à l’écoute de toute la douleur d’un peuple contenue dans la trompette de Miles Davis.<br /> <br /> Depuis mes 15 ans, moi aussi, je suis Hors-là, hors les murs de toutes les prisons, surtout mentales, hors les frontières, hors les carcans, hors les conventions. <br /> <br /> Ce Hors-là n’est pas folie, ce n’est rien d’autre qu’un souffle d’air qui parle dans une trompette, une fureur posée sur une palette et une feuille blanche qui se souvient, perpétue et raconte, comme un besoin de liberté farouche, animale, sans concession, une liberté absolue qui dit : « Hors-là, sors-moi de là ! ». <br /> <br /> Mais, in fine, je m’aperçois que mon Hors-là ou Horla, fût-il « désespéré » est hors sujet ; nul doute qu’un méchant diable russe, (celui qui se cache, chez Tolstoï, dans le galbe d’un sein blanc), s’est évertué à m’induire en erreur, pour mon plus grand bonheur.
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J
CACHEZ CE SEIN… <br /> <br /> Ce jour-là, suite à la lecture publique d’un de mes textes, un participant cita Ivan Bounine et ses nouvelles, qui d’après lui traitaient de thèmes identiques aux miens, comme la vie, l’amour, la mort.
Je ne connaissais pas cet écrivain russe nobélisé, mais à la manière dont
cet homme l’évoqua, dès le lendemain je fonçais chez mon libraire préféré. <br /> <br /> Non ! Pas celui juste au bout d’la rue, à mon gout, trop tiers-mondiste-écolo-solidaire, mais un autre, plus loin, plus neutre dans ses propos et sa vitrine. <br /> <br /> 
- « Bonjour Monsieur… Auriez-vous Les Allées Sombres d’Ivan Bounine ? 
- Il n’est pas là-bas sur l’étagère : Ecrivains Russes ? Répliqua le libraire, en m’indiquant la direction de la main.
Je connaissais cette étagère, j’y’avais jeté un coup d’œil en entrant, mais manque de pot, il n’avait que la grosse cavalerie, et puis j’avais pas vraiment cherché.
Professionnel, il plongea cependant dans son ordi, puis relevant la tête,
dit d’un air désolé : « Non ! Effectivement il est manquant… Peu de gens connaissent Ivan Bounine… Je peux vous le commander si vous voulez ? »
Je fis mine de rien, et m’attardais sans lui répondre, voulant profiter du lieu, et de la bonne odeur de sa boutique.
Les étagères des libraires à titre perso sont des aimants et je rêve de m’y voir un jour. Alors j’ai trainé un peu, entre les tables, les guéridons et la PLV tapageuse des best-sellers. Au hasard je prenais un livre, puis deux, puis trois, les humais, les soupesais, lisais les 4émes de couvertures, parfois la phrase de début et celle de fin, toujours la page 69.<br /> <br /> Et puis je suis tombé sur cette couverture : le Diable de Léon Tolstoï. Je dois avouer qu’en découvrant cette paysanne dépoitraillée offrant son décolleté et ses seins bucoliques, j’ai eu un peu de mal à plonger directement dans ses yeux. Au cœur de ce décor rupestre, d’un coup j’aimais la campagne, les labours, la glaise, la laitière et son pot au lait, et le naturel de ses seins qui avaient allaité, ses seins qui avaient aimé. Cette image m’a emporté. Et puis l’éditeur que j’me suis dit, ce gros ballot, pas si innocent que çà, il connait les ressorts, les mécanismes, les réflexes humains. ( Ici je tiens à rassurer les féministes égalitaires, un homme nu m’aurait attiré tout autant.) Mais dans ce monde où la nudité est rare, assez pour qu’on la remarque, l’utilise, la politise, cette chair primitive, cette chair si chère, comme le prix de la viande sur l’étal du boucher, cette chair a fait son effet. J’ai pas lu la 4éme, ni la phrase du début, ni celle de la fin. J’ai acheté cette édition.
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V
J' aime les nouvelles et la littérature russe en regorge à souhait ! Tchekov est sans nulle doute mon préféré ! Anodines et quotidiennes en apparence, ses nouvelles nous poursuivent encore longtemps après les avoir lues .<br /> <br /> Quelle étrangeté ! Tous ces moults personnages aux noms improbables aux prises avec les déboires de la vie sont parfois justes esquissés et pourtant nous les portons en nous.<br /> <br /> Nulle légèreté dans" le diable de Tolstoï", de la noirceur, d' affreux tiraillements de la conscience et la litanie religieuse comme on égrène inlassablement le chapelet...<br /> <br /> La jolie femme dénudée qui pourrait être orientale en couverture du livre figure la tentation de la chair . Des épis de blés en bouquet, la jeune paysanne désincarnée au centre du tableau à quelque chose d' incongrue ! Un brin mythologique et désuète cette couverture me paraît bien tiède pour illustrer les affres de la passion charnelle, les tourments de l' âme humaine chers aux écrivains russes ! Ou alors c' est un subterfuge de l' éditeur !
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main tenant
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