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main tenant
6 février 2021

Le chant des sirènes

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Charles Baudelaire commence un poème avec ce vers : « La musique souvent me prend comme une mer ».

On connaît l’histoire d’Ulysse qui, raconte Homère, pour écouter le chant des sirènes sans pouvoir s’en approcher, se fit attacher au mât de son navire. On connaît moins celle de Boutès, racontée par Apollonios de Rhodes, et reprise par Pascal Quignard. Boutès est un parmi les cinquante rameurs de l’Argo, le navire des Argonautes. À proximité de l’endroit où chantent les sirènes, tandis qu’Orphée joue sur son instrument une musique pour contrer le chant des sirènes et donner le rythme à ceux qui rament les oreilles bouchées par de la cire, Boutès se lève, arrache la cire de ses oreilles, s’approche du bord et se jette dans l’eau pour nager jusqu'à l'île d'où vient le chant. Voilà trois façons de réagir à la musique, à celle de la voix, la voix des oiseaux portant des seins de femmes. Celle d’Orphée est de la contrer, de s’y opposer avec cordes et plectre, celle d’Ulysse est d’y résister en s’interdisant tout mouvement, « seul Boutès plongea ».

Choisissez une des trois façons. Vous devenez Ulysse, Orphée ou Boutès. Et vous écrivez ce que votre personnage pense au moment où le bateau passe près de l’île d’où vient le chant envoûtant. 

Si d’incarner un homme dans une de ces situations ne vous convient pas, vous pouvez choisir d’écrire ce que pense à ce même moment une des sirènes, Leucosia, Ligia ou Parthenopè (ce sont les noms des sirènes, oiseaux à tête et seins de femmes, relevés dans les textes anciens par Pascal Quignard). Leur chant est-il si dangereux ?

Exemple -
Ulysse : J’entends enfin ce chant merveilleux qui vient je ne sais d’où et m’appelle. Il s’adresse à moi, rien qu’à moi puisque je suis le maître à bord, que je commande au navire et que je suis attaché au mât. Je ne peux pas bouger. Le chant me rappelle des musiques entendues il y a très longtemps, avant même ma naissance. Des musiques qui donnent à mes bras et à mes jambes une envie terrible de remuer. La musique avant le mouvement. La musique après le silence, car il y a eu un silence incroyable juste avant le chant des sirènes. Le chant à plusieurs voix fait couler mes larmes à la fois de bonheur et de douleur. J’appelle bien sûr les rameurs pour qu’ils me délivrent, pour que je puisse danser, mais ils ne m’entendront pas. Dans des milliers d’années, quand les hommes tenteront de coloniser l’univers, ils entendront ce chant dans les étoiles. Mais leurs yeux seront secs : l’eau aura déserté la surface de la terre et les yeux des humains. Le seul espace liquide sera dans le ventre des mères, le ventre des mers, à des millions d’années de cette planète. Est-ce que je délire puisqu’on ne peut me délier ? Pour l’instant je suis attaché au mât, seules les conques de mes oreilles emplissent de ce chant pour le reste de mes jours ma mémoire.

C’est à vous main tenant. Partagez avec nous les pensées secrètes que fait naître le chant des sirènes en les postant dans les commentaires ci-dessous. Merci.

C'est la carte de voeux ci-dessus, reçue il y a quelques jours, qui m'a remis en tête l'idée de cette proposition. Merci à l'Atelier de la Voûte nomade.

Commentaires
J
la sirène <br /> <br /> <br /> <br /> Pas crier <br /> <br /> Atteindre <br /> <br /> S'atteindre <br /> <br /> Comme une pierre qui descend longtemps <br /> <br /> A <br /> <br /> L'infini qui n'en finit pas de solliciter la profondeur <br /> <br /> Etendue immense qui s'ouvre alors... <br /> <br /> <br /> <br /> Plus d'extérieur, plus d'intérieur <br /> <br /> Entendre <br /> <br /> Rouler au <br /> <br /> Loin ce chant qui vient d'ici et de là-bas <br /> <br /> Infiniment recommencé <br /> <br /> <br /> <br /> 1 <br /> <br /> <br /> <br /> Elle m'est apparue puis elle a disparu, non pas disparue mais invisible à mes yeux mais toujours audible à mes oreilles... <br /> <br /> Parce qu'elle <br /> <br /> A dû <br /> <br /> S'asseoir juste un instant au <br /> <br /> Creux de mon cœur <br /> <br /> A dû <br /> <br /> Le remplir d'une <br /> <br /> Entendue <br /> <br /> Présence <br /> <br /> Eruptive et nouvelle... <br /> <br /> Renouvelle ma joie à l'aune de ta <br /> <br /> Lumière <br /> <br /> Ignée <br /> <br /> <br /> <br /> 2 <br /> <br /> <br /> <br /> Elle est dans la cage à la proue et à travers ses barreaux elle me sourit, elle n'a pas l'air en colère contre moi pour le tour que je lui ai jouée. Cependant depuis qu'elle est captive, le bateau ne tient plus son cap... et mon esprit ne suit plus l'azimut... Il me semble que j'ai perdu mon but. Direction Est sur Ithaque, mais pas du tout, il navigue à l'ouest, direction les colonnes d'Hercule ! <br /> <br /> La journée elle chante et ce chant me bouleverse, ce n'est pas tant qu'il est beau, mais c'est qu'il m'est adressé, j'ai la sensation qu'elle chante pour moi... puis j'ai dû m'endormir ou rêver ou avoir une hallucination voilà ce que j'ai entendu. <br /> <br /> Elle chante. <br /> <br /> « J'ai sondé tes reins et ton cœur, le chemin vers celle qui te meut est encore loin, il te faudra revenir à ta plus petite grandeur ! Seulement toi et ton corps, tu descendras dans les profondeurs, à la limite du gouffre pour renaître à une nouvelle vie avec une nouvelle image de toi même et de voir la vie ! Change ! » <br /> <br /> <br /> <br /> Parce que tu es tiré en <br /> <br /> Arrière par ton passé <br /> <br /> Soumis à ton idée de retour <br /> <br /> Comme une obsession ! Tu t' <br /> <br /> Anesthésies de douleur et tu ne te <br /> <br /> Libères pas de la volonté d' <br /> <br /> Entrevoir et de <br /> <br /> <br /> <br /> Perdre toute tes certitudes ! Pourtant toutes tes <br /> <br /> Expériences de ton Odyssée te <br /> <br /> Renvoient à la <br /> <br /> Légèreté, à la créativité et à la fluidité de ton <br /> <br /> Intuition".
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F
J'entends au loin un cri de complainte dans la brume de mer. <br /> <br /> Aucun doute, c'est le chant des Sirènes qui se fait de plus en plus envoûtant au fur et à mesure que l'Argo se rapproche de l'île. <br /> <br /> Je suis fier d'avoir été choisi pour vaincre les maléfices de ces redoutables charmeuses de marins. <br /> <br /> Le moment de l'affrontement est arrivé. <br /> <br /> Pourrai-je vaincre par ma musique et mon chant les sortilèges de ces redoutables divinités? <br /> <br /> En d'autres temps, y aura-t-il des héros pour lutter contre elles ? <br /> <br /> <br /> <br /> Sirènes, comme j'aurais aimé vous rencontrer avant votre métamorphose en femmes-oiseaux cruelles ! Toi, Leucosia, tu jouais de la lyre comme moi. Toi, Parthénope, tu étais une virtuose de la flûte, et toi, Ligia, du pipeau. Vos voix admirables m'emplissaient de désir. Je suis sûr que mes pouvoirs auraient pu <br /> <br /> vous sauver de la malédiction. Avec ma musique, j'attendrissais les bêtes féroces. Je charmais les arbres au point qu'ils se déplaçaient pour me suivre. <br /> <br /> <br /> <br /> Voilà qu'une voix cristalline s'élève tout à coup, puis deux puis trois, en une mélodie envoûtante. La puissance de cette mélopée voluptueuse me pénètre. <br /> <br /> Mes compagnons ont quitté leurs bancs de rameurs pour mieux écouter et ils ont commencé à tendre la voile pour gagner le rivage des enchanteresses. <br /> <br /> <br /> <br /> Je dois aller à la proue du vaisseau et chanter avec ma lyre plus fort que vous, Sirènes. <br /> <br /> Avec mon plectre, je vais donner un rythme à mon chant et frapper un contre-chant très rapide afin de dominer votre complainte. <br /> <br /> <br /> <br /> Voilà la partie est gagnée. Ma musique forte et scandée a vaincu les chants des Sirènes. <br /> <br /> Les rameurs qui avaient quitté leur rang ont repris leur rame et naviguent vers le détroit. <br /> <br /> J'ai bien donné la cadence aux coups de rames des marins qui peu à peu ont retrouvé leur route. J'ai rempli ma mission. <br /> <br /> <br /> <br /> On racontera pendant des siècles cet épisode du voyage des Argonautes. <br /> <br /> Je ferme longtemps les yeux. Je rêve de légendes sur le périple des Argonautes. <br /> <br /> <br /> <br /> " Réveille-toi Orphée. Boutès a plongé. "
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E
Le chant du cygne d’une sirène<br /> <br /> <br /> <br /> La vie n’est que chants, champs brouillés<br /> <br /> J’ai grandi dans ces champs sans fin<br /> <br /> Mon esprit aujourd’hui gavé implose de sérénades<br /> <br /> <br /> <br /> La vie n’est qu’essences, sens saturés<br /> <br /> J’ai grandi sur le sang des nomades sans tain<br /> <br /> Mon corps aujourd’hui chancelle et je crache l’humanité <br /> <br /> <br /> <br /> La vie n’est que transes, anses fermées<br /> <br /> J’ai grandi dans les délires d’autres sans bien<br /> <br /> Mes mains aujourd’hui se frôlent et je réclame la paresse<br /> <br /> <br /> <br /> Les peuples des mers suivent tant de voies vers des caps isolés<br /> <br /> Et nous sommes aujourd’hui tant dans un temps inondé<br /> <br /> Du chant de sirènes <br /> <br /> Sur tant d’îles <br /> <br /> Que les voix s’entrechoquent et les ondes s’effacent sous l’aile claire d’un signe/ cygne de mort<br /> <br /> <br /> <br /> La vie n’est qu’une voie, voix d’une seule, mienne<br /> <br /> J’ai grandi sur les îles d’autres sans chemin <br /> <br /> Ma gorge aujourd’hui s’éteint sur les colères du clan et j’expire la clarté, mienne
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J
Ulysse !<br /> <br /> Mon cher Ulysse je ne te comprends pas. Depuis que je t’ai rencontré au fil de l’Odyssée, je me demande toujours ce qui a tant motivé ton retour ? C’est quoi ce besoin absolu de rentrer à la maison, malgré les embûches et les belles rencontres ? Car enfin Ulysse, après dix ans de guerre aux côtés d’Achille, pour cette garce d’Hélène, pour laquelle au passage, je n’aurai pas levé le petit doigt, je ne te comprends. Qu’est-ce que tu espérais, des charentaises, une bonne tisane en regardant la télé ! Retrouver une femme qui sans doute avait fléchi sous l’assaut de tes amis, des amis qui au passage étaient devenus des ennemis et voulait devenir calife à la place du calife. <br /> <br /> Je me demande si moi je serai rentré ? J’en connais qui sortent acheter des cigarettes au coin de la rue et ne reviennent jamais… Car enfin Ulysse, quand on a serré dans ses bras Nausicaa, Calypso et quelques belles aventurières… Que représentait Pénélope dans ton souvenir, le repos du guerrier ? Ma parole, t’avais pris des substances. <br /> <br /> Et puis les sirènes, parlons-en des sirènes et de leur chant enivrant. C’est quoi cette idée de s’attacher au mât de ton navire. Tu n’aimes pas la musique ? <br /> <br /> Et pourquoi vouloir en priver tes compagnons ? Moi comme Boutès, j’aurai plongé tête la première pour la musique. Tu connais quelque chose de mieux, de plus fort, de plus universel, autre que la musique ? Peut-être l’amour, oui l’amour. Alors ! Etre aimé d’une sirène aux cheveux blonds et aux seins généreux, une femme belle qui fait de la musique en prime, une artiste ! T’es maso ? Tu t’es privé de ce plaisir pour retrouver une épouse, une brodeuse vieillissante, enfin je dis brodeuse, mais qui ne devait pas être très habile, ni experte en tapisserie, parce que le soir en cachette elle rectifiait ses erreurs de la journée ! <br /> <br /> Bon ! Heureusement que ton chien t’a reconnu. D’ailleurs un chien ça vit pas aussi longtemps ! Mais bon, t’es rentré à Ithaque, tu dors près de Pénélope. Tout va bien. Tout est rentré dans l’ordre. Mais quand même Ulysse, dans cette paix, cette quiétude retrouvée, certains soirs, tu ne ressens pas comme des fourmis dans les mains et des papillons dans le ventre ? Tu n’as jamais la nostalgie des combats ? Jamais le regret de n’avoir frotté ton cuir de vieux lion sur la peau fraiche d’une sirène chanteuse superstar ? Moi je crois que non. Mais ça, c’est juste mon avis.
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C
Ces voix. Ces voix venues du fond des âges me transpercent en un instant. Fermement attaché au mât du navire, je relève la tête lentement. Ma vue se trouble, comme si je ne pouvais conserver qu’un seul sens au même moment. Et là j’entends enfin ce que des récits millénaires ont rapporté : la mélodie est un enchantement, les voix se mêlent harmonieusement. Combien sont-elles ? Une, dix, des centaines, plusieurs milliers ? D’où viennent-elles ? Je perds tout repère et j’ai l’impression que j’hallucine. Est-ce au loin devant sur ce rocher ou bien au sommet du mât ? Ou bien finalement, ces voix ne semblent-elles pas venir de moi ? Je ferme les yeux pour me concentrer et me sentir rempli pleinement de ce sentiment de plénitude. Un plaisir immense m’envahit, j’ai l’impression de m’envoler sur cette musique. Des larmes de bonheur coulent le long de mon visage. Mais déjà, nous dépassons cette île de la tentation et les sons s’évaporent.
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