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16 janvier 2021

Écouter avec les yeux

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Dans sa chanson, Foule sentimentale, Alain Souchon dit : « Il faut voir comme on nous parle ». Voir, donc lire. Fait-il autre chose, Antonio Muñoz Molina, dans son livre, Un promeneur solitaire dans la foule ? Il « écoute avec les yeux ». Il se promène dans les villes et prend des notes : « les publicités et les gros titres des journaux et les affiches et les panneaux de la ville ». C’est une sorte de voyage auquel il nous invite, en ces temps où voyager n’est parfois que sortir dans son quartier, une heure, guère plus. En une heure vous en verrez des mots, des phrases, des incitations à ceci, des promesses de cela. 

Lisons ce qu’écrit cet auteur de langue espagnole, traduit ici par Isabelle Guignon (éd. du Seuil) : « Je lis chaque mot écrit que je découvre sur mon passage. Réservé aux pompiers. Alarme connectée avec vidéosurveillance. Achète votre voiture, paiement comptant. Il y a de la beauté , une perfection sans effort dans la tombée graduelle de la nuit. Le mot LIBRE brille en vert clair sur le pare-brise d’un taxi, suspendu dans une rue obscure, comme découpé et collé sur un fond noir, le bristol d’un album. Un autobus éclairé et sans passagers débouche à toute vitesse d’un tunnel, galion fantôme en haute mer. Un de ses flancs est entièrement recouvert d’une publicité panoramique (…). Profite maintenant des saveurs de l’été. Les mots de la rue acquièrent une séquence rythmique. Achète or. Achète argent. Achète or et argent. Don du sang. Achète or. Don du sang. Aux arrêts d’autobus brillent des panneaux lumineux (…) »

Antonio Muñoz Molina laisse son écriture filer parmi ces mots recueillis. Ça fait un livre de plus de 500 pages, foisonnant, curieux, surprenant, fait de paragraphes qui font chacun rarement plus d'une page. Il a obtenu, avec ce livre, le Prix Médicis étranger. 

Je ne vous en demande pas tant. Si vous sortez, munissez-vous d’un carnet ou de quelques feuilles de papier où vous noterez les mots, les phrases lus pendant votre promenade : information, publicité, tag, slogan, mise en garde, conseil, sur un produit dans une vitrine, sur le flanc ou l’arrière de l’autobus, tout. Et, de retour chez vous, alignez ces mots, ces phrases en y glissant, parfois, un mot de vous, une citation qui vous revient en mémoire, une courte description. Si vous ne sortez pas, vous les trouverez chez vous aussi : titres de journaux, textes en bas de l’écran de votre télévision, légende d’une photo, phrase lue sur internet ou sur votre portable… Évitez les noms de marques publicitaires. 

Au moins dix mots et phrases relevés dans votre environnement, une petite dizaine de lignes pour le texte que vous enverrez dans les commentaires ci-dessous. Montrez comme on vous parle. Merci.

Commentaires
I
Hier je suis allée me promener dans les rues tel un piéton de Paris moderne. Comme le dit le tag : "en janvier on recommence à zéro".<br /> <br /> Je cherchais des "chaussures sur mesure" avec des "semelles podologiques". Je passai devant un magasin de "réparation de scooters" et devant la librairie "les mots à la bouche". <br /> <br /> Plus loin je m'intéressai aux "TV, Hi Fi, casques et home cinéma".<br /> <br /> Je pris l'autobus jusqu'à "Château de Vincennes". Là je trouvai "de l'emballage alimentaire".<br /> <br /> Un camion de "déménagement" stationnait devant un immeuble en construction. Le "gros œuvre" était en cours.<br /> <br /> Je rentrai chez moi la tête pleine d'images nouvelles.
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F
" Pour être en bonne santé physique et mentale, marchez dans votre ville. " <br /> <br /> Le conseil est affiché sur un panneau municipal près de chez moi et je vais le suivre. <br /> <br /> " Votre ville prend soin de vous. " est-il écrit un peu plus loin. Allons-y ! <br /> <br /> Aujourd'hui, je marcherai jusqu'aux bords de Seine en traversant la ville que je ne connais pas bien encore. <br /> <br /> Voilà une bonne balade que je vais faire seule. C'est un peu l'aventure. <br /> <br /> " Avec "Ma ville" , gagnez du temps au quotidien. " dit le site de la mairie. Je l'ai consulté pour découvrir le plan de la commune et savoir comment m'orienter. <br /> <br /> On nous encourage, on nous rassure. <br /> <br /> Je commence mon exploration par la grande rue. Les commerces sont ouverts et les clients font la queue sur le trottoir, distanciation oblige. <br /> <br /> Je m'amuse en lisant sur la porte d'un magasin : " Livraison gratuite " "Découvrez la livraison qui vous délivre ." <br /> <br /> Sur les vitrines de deux boutiques voisines dans la rue principale, s'affichent sur l'une : " Liquidation totale " " Fermeture définitive " et sur l'autre : " Boutique éphémère. Là où tout commence " <br /> <br /> Tiens, un institut de beauté juste au carrefour ! Quel emplacement pour ce : " Beauté Vénus " ! Dans la vitrine, je lis : " Chères clientes, essayez nos produits parce que vous le valez bien." " Prenez rendez-vous. On prend soin de vous. " <br /> <br /> Une petite camionnette manœuvre pour se garer, affichant : " Une nouvelle vision pour la vie " Son conducteur en sort brutalement. Il porte de grosses lunettes. Visiblement, il ne m'a pas vue sur le trottoir. <br /> <br /> Ah, voilà les deux bus qui se suivent toujours en traversant la commune, avec leur panneau identique de : " Vivre ensemble. " Le premier est bondé. Personne dans le second. <br /> <br /> J'arrive dans une rue inconnue. La plaque indique : " rue Olympe de Gouges. " Il faudra que je cherche qui est cette femme donnant son nom à une rue. Mystère. <br /> <br /> Sur les palissades d'un chantier, on a écrit : " La vie nous donne toujours une autre chance. Elle s'appelle Demain " <br /> <br /> Comme cela paraît banal de lire à côté : " Chantier interdit au public, passage réservé aux pompiers, route barrée, déviation, piétons traversée obligatoire" <br /> <br /> À l'écart, il est signalé le " Déploiement de la fibre " sur un panneau spécial. <br /> <br /> Et soudain, la merveille en haut d'un poteau : " Ville jumelée avec..." " Ville fleurie" <br /> <br /> Au bout de la rue, enfin les bords de Seine avec leur piste cyclable. Je n'ai pas lu sur mon passage de panneau sur l'itinéraire cyclable temporaire. Je vais m'informer. <br /> <br /> D'autres projets amusants qui seront à réaliser à l'occasion d'autres promenades, c'est de passer par les rues de la Baignade, des Épinoches, de la Tanche et enfin, des Goujons. <br /> <br /> <br /> <br /> Me voilà arrivée. La promenade est finie. La Seine est belle mais déserte . C'est impressionnant. <br /> <br /> Je cherche des yeux le panneau : " Baignade interdite "...
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F
Dans mon quartier, il y a tout un monde, mon monde, mais il n’y a pas de quoi s’en faire tout un monde !<br /> <br /> Au début de la rue se trouve EUROPE HYGIENE SERVICE, STOP AUX CAFARDS, RATS, PIGEONS (les pauvres), PUNAISES ETC. ETC. qui propose d’éradiquer, purement, simplement et définitivement tous les nuisibles ; Je me demande si ça marche sur les bipèdes…. Auquel cas, je connais quelques beaux spécimens de nuisibles… Mais je m’égare, c’est des coups à finir en prison, par les temps qui courent, des pensées pareilles… <br /> <br /> Alors, j’avance un peu pour trouver, juste à côté, PANTIN OPTIQUE, qui me fait de l’œil, mais, moi, je ne connais que le pantin désarticulé, celui avec le grand nez. Celui-ci, avec son œil démesuré, tel le cyclope, ne m’inspire pas confiance, alors, je passe mon chemin juste devant le VERPANTIN qui n’a rien de vert, pas même l’enseigne, c’est à se demander à quoi on pense, parfois, quand on nomme les choses… <br /> <br /> Je m’arrête, ensuite, chez mon ami CROQ, avec une couronne que le Q. Il la mérite, sa couronne, car c’est une merveille, à chaque fois : poulet tandoori, couscous kabyle, pizzas, paninis, kebabs (il faut bien plaire aux jeunes), Tex Mex, le monde entier des saveurs et des parfums s’est donné rendez-vous chez CROQ, sauf le croque-mort, le croque mitaine ou encore, le crocodile. Chez CROQ, tu croques ce que tu veux : la pomme, la vie, à pleines dents, si tu en as, mais pas le patron, ça, c’est interdit, pas de quoi en faire tout un plat, ceci dit, il est trop maigre !<br /> <br /> Un peu plus loin sur le même trottoir, on devine PICARD, au froid, avant même de le voir, mais ce PICARD n’a rien à voir avec la Picardie, ne vas pas tout mélanger !<br /> <br /> De l’autre côté du trottoir, je m’aperçois qu’il y a belle lurette que LA BELLE LUNETTE a pris ses cliques et ses claques et fichu le camp à la campagne, covid oblige. A cause de ça, COIFF’TIFFS se fait des cheveux, mais il y a de quoi, en ce moment, non ?<br /> <br /> Abu Sinna (Avicenne) me fait de l’œil depuis la vitrine de la PHARMACIE d'en face. Ça me remonte le moral… Je suis flattée… J’avance dans la rue, fière comme un BAR TABAC !<br /> <br /> Puis, je continue mon chemin vers Paris et je tombe sur le bâtiment rouge de la BILLETTERIE, parce que rien n’est gratuit en ce monde, n’est-ce pas ? La verrue architecturale qui sert de PHILHARMONIE me fait face et je me demande où sont passées la symphonie et l’harmonie ? Mon dieu que ces bâtiments sont laids ! Ils ne supportent pas la comparaison avec, planté tout à côté, le pavillon BALTARD de la VILLETTE qui, lui, n’a rien perdu de son charme désuet, comme figé en un temps suspendu dans un déjeuner sur l’herbe, mais sous l’effet combiné de l’absinthe et de l’opium d’Extrème-Orient tout proche. J’en étais là de ma rêverie lorsqu’un colosse yankee, qui faisait la queue quelques mètres devant, secoué de rire se tourne vers moi et m’interpelle : « VILL’UP ? Doesn’t make any sense, does it ?” Comme sa remarque m’amuse, je lui réponds : “absolutely not, you’re right ! ” Il s’en va, marmonnant assez fort pour que tout le monde entende : “Those frenchies shouldn’t try any english at all…”<br /> <br /> Je termine ma promenade en allant faire quelques courses chez STAR ORIENTAL, sans E, parce que ça lui plaît, à la star d’être double genrée. Tandis que je choisis mes épices, ras el hanout, cumin, cannelle et poivre noir, Oum Kalsoum en personne me gratifie d’un concert privé et je m’enivre au son de sa voix flûtée, grave, chaude et profonde. Les larmes me montent aux yeux, alors, je laisse cette diva pour prendre du thé, un peu plus loin, où je suis surprise, autant qu’émerveillée d’entendre le chant du rossignol de la grande Asmahan. Je m’oriente, ensuite, vers l’huile d’olive grecque qui a ma préférence. J’entends d’abord sa voix de velours, si caractéristique. Puis il pose sa main sur mon épaule, je me retourne et je plonge tout entière dans le regard de braise d’Abdel Halim Hafez, il va sans dire que je suis subjuguée, comme frappée par la foudre, de celle qui ne tombe qu’une fois… Tant bien que mal, je me dirige vers le rayon frais où la grande Fadila Dziria, qui m’a prêté son prénom, m’envoie des baisers. Victime d’une extinction de voix, elle s’excuse de ne pouvoir chanter pour moi tandis que je choisis un fromage de brebis. Mes emplettes terminées, il me faut encore régler la note auprès du caissier qui ressemble à Soliman le Magnifique. Tandis que je fais chauffer ma carte bleue, Samia Gamel me sort le grand jeu : un voile fin, transparent, aussi léger que l’air dessine des arabesques au bout de ses bras fins, tandis qu’elle ondule de tout son corps au son des flûtes et des derboukas. Taille fine, cheveux tombant sur des reins cambrés, seins opulents et hanches larges, parées des mille feux de son joli sourire, elle m’invite à la rejoindre, mais mon corps tout raide refuse toute danse, hélas… Je suis sous son charme, mais je dois quitter la STAR ORIENTAL, à regret.
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E
C’est un été particulier(1). Je pointe jour et nuit(2) à l’automate gris. Une réponse impassible, un « badge lu »(3) sur un écran de verre, vert et terne, informe le monde physique et numérique de ma présente sur site. <br /> <br /> C’est un état particulier, pour un été particulier, à la ville comme au numérique, un été d’injonctions dans l’espace et le temps. Je dois traverser en deux temps(4) ce pont ouvert (5) entre des zones digitales et tangibles. <br /> <br /> J’erre et me perds dans les tendances pour vous (6); le regard vide sur le plan du site (7) dans une solitude silencieuse. Je suis ubique. Entre des mondes charnel et abstrait. Une navigatrice et passante solitaire. Je placarde un avis de passage ( 8 scintillant dans la nuit numérique. <br /> <br /> Tant d’injonctions. Il faut maitriser les bons gestes (9) et se taire. Il faut respecter les gestes barrières (10)et se plaire. <br /> <br /> Temps d’injonctions pour signaler des prédictions de recherche(11). Je quitte le mode plein écran (12) et marque au feutre rouge l’arrêt d’urgence (13) sur ma peau. Je pointe à l’automate gris. Une réponse impassible, un « fin de zone »(14). <br /> <br /> <br /> <br /> Un été particulier(1)/jour et nuit(2)/ badge lu (3)/traverser en deux temps(4)/pont ouvert (5)/ <br /> <br /> tendances pour vous (6)/plan du site (7)/avis de passage (8 maitriser les bons gestes (9)/respecter les gestes barrières (10)/ signaler des prédictions de recherche(11)/quitter le mode plein écran (12)/arrêt d’urgence (13)/ fin de zone (14).
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J
Prends rue Leuck-Mathieu, avec petit calepin et stylo.<br /> <br /> Peux pas, peux pas, si ! à l’affût, traque, bête, chien !<br /> <br /> IMPRIMERIE<br /> <br /> SIGNER POUR VOTRE AUTONOMIE<br /> <br /> DéPARTEMENT DU MATERIEL ROULANT FERROVIAIRE<br /> <br /> M.R.F<br /> <br /> Oui !<br /> <br /> Rue Belgrand :<br /> <br /> Cherche, cherche, cherche. Vieil épagneul breton<br /> <br /> Renifle, renifle, mots, mots, mots…sens, sens, truffe !<br /> <br /> FEMMES BRUSHING SOURCIL AU FIL (bizarre y a un abruti qui note sur son calepin)<br /> <br /> Sur une colonne Morris<br /> <br /> IBRAHIM MAALOUF<br /> <br /> Sur le MK2 Gambetta désertifié<br /> <br /> GARçON CHiffON <br /> <br /> Fais tour de la place GAMBETTA<br /> <br /> Quand Oui Hourra ! Victoire ai une idée !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!<br /> <br /> THEATRE de la COLLINE, <br /> <br /> ( RéALISER VOS PROJETS)<br /> <br /> LA COLLINE THEATRE NATIONAL<br /> <br /> Regarde à l’intérieur : vois<br /> <br /> (mé)ANCOLIE
 COLLINE<br /> <br /> DANS LA NUIT DU SENS GERME L’AURORE DE LA PAROLE<br /> <br /> <br /> <br /> A l’angle de la rue Malte Brun, au café des banques, je vois 3 compères, verre de bière à la main en train de s’amuser comme 3 petits coquins. L’un deux transporte un « BOSE » dans son sac à dos duquel sort une biguine diablement entrainante qui me fait vaciller de bonheur. J’arrache le masque, mes pieds m’entrainent malgré moi et je me mets à danser frénétiquement, je suis dans la foule au milieu de mes congénères, ça pue l’humain, ça sent la sueur, le rythme est dingue, dingue, tout mon corps danse, se tord, se convulse.<br /> <br /> Je danse.
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