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12 juillet 2020

marcher jusqu'au soir, de Lydie Salvayre (éd. Points)

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Une nuit dans un musée. C’est ce que propose à quelques écrivain.e.s le Musée Picasso, à Paris. Seul.e dans le musée toute une nuit. Malgré ses réticences Lydie Salvayre a accepté l’invitation. Et elle en raconte l’épreuve dans cet ouvrage, son lit de camp ayant été installé près de la sculpture de Giacometti, L’homme qui marche, exposée là à cette période. Parce que l’art, peut-être, cette oeuvre en tout cas, ne peut laisser indifférent et va chercher au fond de soi, va faire monter en soi peurs et colères. Parce que la présence de cette sculpture se heurte à l’image qu’elle en a dans sa maison intérieure. Lydie Salvayre, dans ce texte, évoque son enfance, bons et mauvais souvenirs qu’elle a toujours du mal à affronter ; elle dit l’écart qui demeure avec la bourgeoisie qui la juge « bien modeste » ; elle témoigne aussi de la chimio qui rythme ses jours. Tout arrive avec la sculpture, sa dureté, sa puissance mais aussi sa modestie, la modestie de Giacometti qui fait dire à cet artiste qu’il ne fait que rater, et, comme Beckett l’écrit dans Cap au pire, recommence pour « rater mieux ». Les mois passant, Lydie Salvayre doit rendre un texte après cette expérience douloureuse : elle s’y était engagée sans prévoir ce que ça remuerait en elle. C’est alors qu’elle retourne au Musée Picasso, un jour de visite ouverte à tous et l’exposition qu’elle y voit, différente de celle qu’elle a habitée une nuit, « écarte d’un revers de la main » la mort et lui offre « la jouissance de voir ».

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