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17 mai 2020

Istanbul à jamais, de Samuel Aubin (éd. Actes Sud)

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Simon et Claire, deux Français, vivent à Istanbul. Elle enseigne le français, il est documentariste et formateur. Ils ont un garçon, Anatole. Ferhat et Anouche, un couple rencontré à l’école d’Anatole où ils conduisent chaque jour leur fille Zoé, sont leurs amis. Ferhat est Kurde et Anouche a la double nationalité, turque et française avec des origines arménienne et polonaise. Très vite, de relation en relation, on voit une ville où se retrouvent de multiples identités, comme toutes les villes aujourd’hui. Mais Istanbul, fort appréciée des touristes, vit des heures, des jours violents. Entre 2013 et 2017, avec les manifestations du parc Taksim Gezi, après le résultat électoral du parti HDP retirant de fait la majorité absolue au parti AKP, de Erdoğan, les évènements se sont succédés : attentats, répression, tentative avortée de coup d’état, répression, arrestations, attentats. Dans ce contexte, Simon incite ses étudiants à « préserver l’opacité et la complexité du réel (…) à travailler davantage le sensible que l’argumentation ». C’est ce que fait l’auteur, Samuel Aubin. Il lance ses personnages dans la recherche d’Anouche, disparue le soir d’une manifestation et d’une répression très violente, n’oubliant pas les aspects quotidiens de la vie, de la ville, les rues, les mosquées, les églises, les cafés, les pêcheurs du Bosphore, les chats, les goélands, et les grandes tensions de cette région située sur la plaque tectonique entre Occident et Orient. Par le truchement de Simon, l’auteur montre les contradictions qui traversent la société, regarde comment un peuple peut tomber dans le nationalisme le plus étroit, agitant les drapeaux à toute occasion, et faire le lit de l’arbitraire d’une dictature. Anouche est celle qui s’exprime à la première personne, celle qui témoigne. On vit dans cette ville. La peur vient nous y surprendre insidieusement, peu à peu, et soudain elle est là : il faut partir. « L’espoir est ce qui meurt en dernier » : ce n’est pas un hasard si les enfants de Claire et Simon, d’Anouche et Ferhat ont pour initiale de leurs prénoms A et Z. 

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