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27 avril 2020

La clef des ombres, de Jacques Abeille

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C’est un homme sans nom, sans prénom même dans les premières pages du livre, un solitaire aux gestes répétitifs, aux habitudes ancrées, qui apprend les articles d’une encyclopédie et travaille aux archives de la sous-préfecture. Travail méticuleux qui semble infini mais qu’il fait consciencieusement, rassemblant des documents éparpillés dans les mansardes où plus personne ne classe, sauf lui, et que ses collègues désignent comme « le foutoir » (un mot à double sens). Brice — c’est son prénom qui arrive quand il sort de son immeuble, au 12 rue du Temps-Passé — partage cet immeuble avec Madame Bise, sa logeuse, mademoiselle Braise, sa voisine de palier, et Séverine. Mais quand on fait sa connaissance, quelque chose d’étrange s’est passé dans la nuit. Il ne sait plus quoi, mais ses chaussures et le bas de son pantalon sont humides comme s’il avait marché dans la rosée d’une pelouse. Nous apprendrons qu’il a rencontré quelqu’un, la nuit, dans le parc de la sous-préfecture et qu’on lui a demandé quelque chose. Et sa vie va changer. D’abord parce que cette demande va donner un intérêt particulier à son travail. Et puis parce qu’il va découvrir des secrets concernant la vie de Journelaime, son système politique...

Mais ce premier changement sera suivi d’autres. Le jeune homme, considéré par tous comme niais et sans saveur, va se métamorphoser, semant alors l’inquiétude de son supérieur hiérarchique et le désir des femmes.

Jacques Abeille a écrit ce roman il y a déjà une trentaine d’années et publié d’abord chez Zulma. C’est Le Tripode qui vient de le publier à nouveau, accompagné de dessins de François Schuitten, le situant dans le « cycle des Contrées » qui commence avec Les jardins statuaires

L’auteur s’amuse avec les noms de ses personnages : on trouve ainsi Brice, Bise et Braise dans un même immeuble… Il y a un certain Raymond Roussel qui, on s’en doute, écrit un livre, mais en utilisant les bons mots des autres. Il y a certainement des passages secrets dans le livre et on ne peut pas tous les trouver, ni en trouver la clef que Brice n'a jamais dans sa poche. On peut se contenter des visites qu'il fait dans les hauteurs de l’immeuble, lui-même vivant au premier étage et découvrant le deuxième étage, le grenier, et, encore au-dessus, un autre espace après lequel on accède peut-être au toit, au ciel. Mais il va aussi nous emmener dans les caves, celle du marchand de vins, et, soulevant plusieurs trappes, éclairé d’une bougie, descendre, descendre, descendre jusqu’à l’obscurité compacte. Et la ville elle-même va s’ouvrir à Brice, la ville et ses rendez-vous érotiques, ses tentures, et la pluie. Il faut attendre presque la fin du livre pour connaître le nom de Brice mais le mystère demeurera.

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