Débutants, de Catherine Blondeau (éd. Mémoire d'encrier), extraits

Jeudi 12 mars, Catherine Blondeau était invitée à la Librairie l'établi d'Alfortville (94) pour y présenter son livre, Débutants. Plutôt que de vous résumer l'entretien, je vous propose quelques extraits et vous renvoie à deux articles précédents, ici et là. C'est un livre qui m'a touché, ému, bouleversé. Je l'ai lu en deux jours (550 pages). On y suit principalement trois personnages : Nelson, Sud-Africain spécialiste de la préhistoire, Peter, Anglais traducteur de la littérature française en anglais, et Magdalena, Polonaise qui gère une maison d'hôtes aux Combarelles, en Dordogne où ces trois personnes, francophones et polyglottes, se rencontrent.

Nelson (et l'archéologie)

Car enfin, regardons-nous : avec nos 12000 ans de civilisation néolithique, nous ne leur (aux Magdaléniens) arrivons pas à la cheville. Malgré l’accélération spectaculaire produite par la succession d’âges technologiques que nous traversons depuis la révolution industrielle, nous sommes loin d’avoir atteint la plénitude et l’équilibre où les Magdaléniens étaient parvenus après 40000 ans. Nous avons expérimenté toutes les formes possibles de domination les uns par les autres et sommes devenus les prédateurs de nous-mêmes. Nous avons érigé l’accumulation  de biens en dogme tout en étant incapables de garantir à nos congénères des conditions de vie dignes et stables. Lorsque nous avons formulé des idéaux, nous les avons trahis. Et il semble qu’aucune réponse spirituelle existante ne soit à la hauteur de nos angoisses et de nos frustrations.
(…)
Neandertal est le seul homme préhistorique autochtone en Europe (…). Cette sculpture a été inaugurée en 1931, sous le titre L’Homme primitif. (…) 1931. L’époque ne sait pas penser autrement qu’en termes de hiérarchie de races. Les premiers paléontologues n’échappent pas à ce paradigme. Puisque l’archéologie leur révèle que deux lignées humaines se sont côtoyées en Périgord vers moins 50000, ils ne peuvent s’empêcher d’en décréter une primitive, et l’autre civilisée. Ironie du sort — qui ne pouvait que leur échapper, car l’origine africaine de Sapiens n’était pas encore établie : ils relèguent Neandertal, l’Européen, au statut de primitif, et intronisent Sapiens, l’Africain, comme civilisé. 

Peter (la littérature et la musique)

Des mots, il y en a beaucoup, surtout quand on navigue entre deux langues. Choisir le mot juste peut demander réflexion. On peut même se perdre dans la quête du mot juste.

Magdalena (et l'Europe)

Mes grands-parents avaient émigré en France dans les années 30. Et puis en 1946, ils ont décidé de rentrer en Pologne, pour reconstruire le nouveau pays — enfin, c’est ce qu’ils pensaient.

L’histoire commence bien avant ta naissance, Magda.

Pourquoi ils nous ont forcés à vivre aussi loin de nous-mêmes ?

Dès que les librairies seront ouvertes, lisez ce livre...

Comments

[JMichel]

Et si la pandémie abolissait toute la technique et que l'homo virtualis était confiné chez lui, sans les hochets du travail de l'occupation ordinaire, condamné à un retour forcé sur lui-même. Condamné à devenir un homo écologis et homo sophis? Ah le bon virus Corona ! Une chance pour l'humanité, une chance pour l'homoquintessentialis .

Et c'est là que l'écriture reprendrait toute son importance.. non pas objet commercial destiné à une élite mais comme un véritable outil de connaissance de soi et de partage et de rire et de vitalité spirituelle hein Marc ! Ah chérie, je tire le fil et je retrouve mon enfance et je me rappelle de tante Léonie, l'odeur de sa chambre... cette odeur de cire rance.. et le boeuf mode de Françoise ! Je me rappelle de notre première maison à Germantes ! Et tous ses jeux qu'on inventerait ! Ecrire à Charles Perrault pour l'engueuler ! Imaginer comment a fini monsieur de la Pérouse ! L'imagination est sans limite ! sus à LaSubjectivité ! Ah mais c'est dingue, je dirais même que ce virus arrive à point nommé et j'espère point trop tard ! A qui suis-je quand on m'a enlevé tous mes jouets, ma voiture, mes vacances, mes avions, mon tourisme? Qui suis-je quand on m'a tout enlevé et qu'il me reste quoi?

- Toi pardi !

ALORS

Sus à la lecture? Retour à : lettre à un jeune poète... mon enfance ma richesse !

la culture reprendrait toute son importance, lecture, musique ( bon y aurait un peu d'électricité ou alors on pourrait la fabriquer... y aurait des livres de cuisine végétariens ( ah oui on ne mange plus nos frères animaux qui ont une conscience et des émotions comme nous) On se ferait des bonnes boooffes qu'on partagerait... et la culture du corps,l'expression corporelle, la chanson, la danse, et puis la musique, l'accordéon, le violon et le djembé, ça prend pas de place ! Et puis on causerait, on se parlerait tout le temps entre voisins ! On serait un peu obligé d'aller cultiver des pommes de terre " gilets jaunes" une nouvelle variété qui pousse sur les ronds points et les jardins publics ! Vous vous rappelez les anciens de L'an 01 de Gébé, je pense qu'on peut retrouver le film sur ce machin dans les étoiles, on clique et nous voilà dans le nuage ( existera-t-il encore?) et les roseaux désocialisants? Oh mais je peux pas tout écrire mais j'imagine toutes les ressources dans le domaine du corps qui est bafoué depuis la maternelle ! Beaucoup de choses à inventer dans ce domaine la culture sensorielle, les massages, le yoga... beaucoup de choses mais pas du tout inhumaine, au contraire, beaucoup de " Choses humaines" à se réapproprier avec les outils que nous avons déjà en nous ! Ah je vous entends déjà, indécrottable idéaliste rousseauiste ! Oui je crois que nous possédons toutes et tous, les ressources pour être heureux ! pour certains moins malheureux ! Ai-je raison ou pas? Vous qui me lisez, je vous le dis, j'y crois, je crois qu'on peut devenir de véritable Homo sapiens sapiens c'est ça......... il reste encore beaucoup de choses à faire mais rassurez vous le CoronaVirus est là !