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22 décembre 2019

Brigitte Brami, à la rencontre poétique chez Tiasci - Paalam, en décembre 2019

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« Après la monstruosité immonde de mon arrestation, de mes différentes arrestations dont chacune est toujours la première, qui m’apparut avec ses caractères d’irrémédiable, en une vision intérieure d’une vitesse et d’un éclat fulgurants, fatals, dès l’emprisonnement de mes mains dans le cabriolet d’acier, brillant, comme un bijou ou comme un théorème, la cellule de prison, que j’aime maintenant comme un vice, m’apporta la consolation de moi-même par soi-même. » (Jean Genet - Notre-Dame-des-Fleurs)

J’aime ma cellule comme un vice, dit Brigitte Brami, reprenant une citation de Jean Genet, que je donne ci-dessus dans son contexte. On entend dans son propos une impossibilité : celle de se défaire de son passage par la prison. Marquée à vie par ce lieu de contrainte, la contrainte par corps, ce lieu où le temps lui-même est contrainte. Elle raconte ce détenu qui savait dire à la minute près quelle heure il était : il comptait dans sa tête, dès le réveil, les secondes, les minutes, les heures ; le temps était sa prison. Que peut donc la poésie dans cet espace ? Les livres, oui, que les bibliothèques de prison permettent de découvrir, les livres délivrent, les livres ouvrent. Mais la poésie ? La poésie, c’est « écrire contre la langue », affirme Brigitte Brami, écrire contre les mots peut-être, où l’on pourrait entendre « écrire contre les maux », voir la beauté où elle n’apparaît pas. J’emprunte à René Char une autre citation, qui me semble proche de ce que tente de nous dire Brigitte : « Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté. » La lune verte qui est peut-être tombée, mûre, d’un de ses poèmes de jeunesse, est-ce cela que nous attendions de cette rencontre ? J’étais, moi-même, ce soir-là, prisonnier du temps : les premiers effets de la grève des transports étaient annoncés, il me fallait partir et, marchant vers la gare en espérant avoir le dernier train qui me ramènerait chez moi, je pensais à ce premier instant de la soirée où Brigitte Brami nous a invités à marquer une minute de silence en hommage aux femmes privées de liberté et qui en meurent.

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