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26 juin 2019

Apulée n°2 - juin 2019

Cette revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s’engage à parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d’un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.

C’est autour du nom prestigieux d’Apulée – auteur berbère d’expression latine qui, avec l’Âne d’or ou les Métamorphoses, ouvrit au IIe siècle une extraordinaire brèche de liberté aux littératures de l’imaginaire – que se retrouvent ici écrivains et artistes venus d’horizons divers. Romanciers, nouvellistes, plasticiens, penseurs et poètes des cinq continents ont la part belle pour dire et illustrer cette idée de la liberté, dans l’interdépendance et l’intrication vitale des cultures.

C’est avec le numéro 2 de cette revue, paru en 2017, que nous aurons, cette année, notre rendez-vous mensuel.

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Amina Saïd

Ne reviens pas

ne reviens pas — avons-nous dit à l’étranger
nos rues ont pris les armes
et nous voici le visage brûlé
par le feu des hommes le feu des arbres
et celui des moissons
ce pays ne nous ressemble pas
nous ne savons que lui dire
nous préférons le chant sauvage de la mer
qui nous rapproche de la perle de l’horizon

et l’étranger a dit — m’égarant parmi vous
je me cherchais moi-même
et vous cherchant je me trouvais moi-même
et dans les jardins du silence
je retrouvais les miens

ne reviens pas — avons-nous dit à l’oiseau
nous avons étudié les cartes de la terre
et nous voici entre un mur de béton
et des routes qui ne mènent nulle part
cette terre ne nous ressemble pas
nous ne savons que lui dire
nous préférons le dialogue avec l’ange

et l’oiseau a dit — l’horizon a reculé jusqu’au soleil
et le rameau renaîtra de la branche
quand s’éteindront les feux passagers de la terre

ne reviens pas — avons-nous dit à l’ange
nous conservons en nous les images anciennes
car le présent ne nous ressemble pas
nous n’avons rien à lui dire
à la rumeur du présent nous préférons
le langage secret du coeur
et dialoguons avec ce qui n’a pas de nom

(photo : Orant, de Beya Gille Gacha)

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