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12 juin 2019

Millefeuille, de Leslie Kaplan

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Le lecteur s’attache à lui, comme ça, sans y penser d’abord. Un vieil homme, plongé dans l’écriture d’un article : ses Rois, ceux de Shakespeare. Le roi Lear, pour commencer. Et ce n’est pas la question de la paternité, c’est celle de l’identité. Ce livre de Leslie Kaplan n’est pas un essai sur Shakespeare. Son personnage, Jean-Pierre Millefeuille, en est seulement nourri. Il a des relations difficiles avec son fils Jean (la moitié de Jean-Pierre), et, à l’approche de sa mort, s’interroge sur lui-même. Il parle à tout le monde : des amies, d’anciens collègues, les serveurs et serveuses de bar, un vigile, des clochards, des jeunes gens désoeuvrés et en rupture avec leurs familles… Et à lui-même. Il se sent terriblement seul. Seul face à cette question qu’on ne peut pas se poser : qu’est-ce que mourir ? Expérience ultime. Tout ce qu’on a accumulé, la tête pleine, trop pleine, à quoi ça sert ? Et puis nous ne sommes pas des pharaons : on nous oubliera. Un jeune homme, Léo, lui donne à lire un premier chapitre d’un livre en cours, et il n’y trouve rien. C’est ce vide-là qui va s’insinuer peu à peu. Tant qu’elle n’est pas finie, la vie nous oblige à la supporter : mais comment faire ? 

Au cours de cette lecture, j’ai pensé à un livre de Jeanne Benameur, Profanes. Une des amies de Millefeuille s’appelle Jeanne. Un peu à Beckett, à cause de la solitude. Bien sûr à quelques titres de Shakespeare. Mais aussi à ma propre vie, entre lectures et Monoprix, entre rêves et promenades urbaines, et à cause de ce « petit courant d'air qui me traverse tout le temps » et de la mort à laquelle « il pense tout le temps, même quand il n'y pense pas ».

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