L'amour sorcier, Manuel de Falla, Jean-Marie Machado, l'orchestre Danzas et la Compagnie Chatha

Jean-Marie Machado revisite une musique de Manuel de Falla. Il est d’abord seul au piano dans le noir. Les musiciens et les danseurs vont peu à peu occuper tout l’espace de la scène blanche avant de se diviser en deux blocs : les musiciens au centre, dans un cercle noir de cendres d’où monte un axe blanc au-delà des cintres, et les six danseurs de la Compagnie Chatha entamant une ronde qui n’aura de fin qu’en retrouvant avec le retour de l’obscurité l’espace partagé du plateau. C’est donc un rêve qui nous est raconté en musique et en danse. La situation de l’orchestre est originale : au milieu du plateau, comme au coeur d’un foyer d’où sortiront de temps en temps un ou une soliste pour dialoguer avec les danseurs. Trois danseurs et trois danseuses vont incarner les moments successifs du récit de Manuel de Falla. Trois hommes, trois femmes, mais deux femmes en robe et une femme en pantalon, ce qui permet, quand la troupe est répartie en deux groupes, de compter dans chaque groupe deux pantalons et une robe, donc, pour les chorégraphes (Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou), de jouer avec le féminin et le masculin, de ne pas les opposer. L’oeuvre de Manuel de Falla leur permet aussi de développer des solos, déchirants, des duos, et des effets collectifs. On n’en oublie jamais les musiciens : par moments, les regards des danseurs sont braqués vers eux. La chanteuse (Karine Sérafin), à plusieurs reprises va tourner avec les danseurs. Tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, sauf à la fin, quand le couple mis en danger pendant toute la pièce se forme et trouve une sorte d’accomplissement. Est-ce une façon de remonter le temps ?

(photo : Blandine Soulage-Rocca)

J'ai vu ce spectacle, dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne, au !POC! d'Alfortville.