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22 mars 2019

Réflexes primitifs, de Peter Sloterdijk

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« Après nous, le déluge », titre d’un livre de Peter Sloterdijk, serait une phrase prononcée par Madame de Pompadour après une défaite de l’armée française. D’autres phrases à d’autres époques (« Qu’ils mangent de la brioche », « Il y a une guerre des classes, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui fait la guerre, et qui la gagne ») montrent que les dominants, dans leur cynisme, lâchent parfois leurs masques d’hypocrisie. Et le cynisme des « petites gens » répond à celui des puissants. c’est ainsi que commence le livre que publie Peter Sloterdijk : cinq essais qui permettent une lecture de la pensée de leur auteur, son évolution et les polémiques auxquelles il a été confronté, et l’est encore. 

L’être humain, dit-il, est conditionné, comme le fut le chien de Pavlov. Conditionné par la souffrance et par l’illusion. Ce conditionnement passe aujourd’hui par les médias : toutes les télévisions de la planète ont diffusé, quasi instantanément, l’attentat du 11 septembre 2001 ; l’invention du mot Grexit a permis de diffuser l’idée d’une sortie de l’euro et, quand celle-ci n’a pas eu lieu, c’est le mot Brexit qui s’est imposé, faisant de « l’austérité syllabique » la norme rhétorique (il rappelle, au passage, la démission éclair du partisan du leave, Nigel Farrage, après le vote). Les médias, selon l’auteur, « disposent du potentiel de déstabiliser les démocraties ».

Alors que les États-nations de cette Europe ont par le passé essayé de créer un empire mais ont échoué, l’Europe n’a aujourd’hui pas de projet impérialiste et c’est peut-être une chance, si l’on suit son raisonnement. 

Faut-il le suivre quand il préconise une société mondiale ? C’est dans cette dernière partie du livre qu’il reprend les thèmes abordés précédemment : social, société, famille, peuple et nation, aliénation et solitude, rituel et excitation, existence, dieux et entraîneurs, futur, viol et protection, migration, infériorité, la migration comme constante, identité, terreur et théorie, fatalisme - cynisme - sadisme. Et pour conclure, comme dans les premières pages il faisait référence au dadaïsme, il en appelle à l’humour, « forme des Lumières philosophiques — comprises comme l’éclairage d’une situation — ».

Le livre n’est pas épais mais il est dense. Une formule, qui réduit peut-être la complexité de la problématique, permet cependant de l’approcher : « passés séparés, futurs communs ».

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