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3 janvier 2017

Les vies de papier, de Rabih Alameddine

9782365692069

Aaliya a 72 ans et vit à Beyrouth. Quand on fait sa connaissance, ses cheveux sont bleus. Elle a une arme, l’AK-47, depuis que, dans son appartement, un milicien a déféqué, comme pour marquer de façon indélébile son passage et qu’elle ne serait jamais en sécurité ; cela signifiait : « J’ai été ici, que cela te plaise ou non ». L’arme lui vient d’un jeune homme, Ahmad, qu’elle a aimé sans doute, qui l'a aimée peut-être, mais qui a suivi le FPLP. Répudiée encore jeune par son mari, elle trouve un emploi dans une librairie. Et elle se met à traduire, traduire des oeuvres écrites dans une langue qu’elle ne connaît pas. À Beyrouth, tout le monde connaît au moins deux langues littéraires : le français et l’anglais. Pas besoin de traduire les livres écrits dans ces langues. Mais d’autres méritent d’être traduits en arabe à partir de leurs versions anglaises et françaises : les auteurs russes, espagnols, portugais, etc… C’est son activité secrète : elle choisit, le 1er janvier de chaque année, le livre qu’elle va traduire et elle en garde la traduction, quand elle est finie, dans une boîte qu’elle empile dans la chambre de bonne, un réduit derrière la salle d’eau. 72 ans, elle est rattrapée par ses souvenirs, sa vieille mère pousse un cri incompréhensible quand elle la voit, puis, plus tard, aimera qu’elle lui lave les pieds. Nous traversons avec elle Beyrouth, les marques sur les façades des années de guerre, les immeubles neufs, les saisons… Nous partageons le café des trois femmes qui vivent dans son immeuble, et leurs bavardages. Mais approche inexorablement le prochain premier janvier. Il faut choisir un nouveau livre…

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