Les sorcières de la République, de Chloé Delaume

En 2062, un procès est intenté à la Sibylle, âgée de deux mille neuf cent treize ans, présumée complice des six déesses de l’Olympe, provisoirement installées dans la Tour Montparnasse (puisque l’Olympe est devenu un centre de vacances pour touristes). Avec elles, c’est le Parti du Cercle qui a gagné les élections de 2017, imposant son slogan : « liberté, parité, sororité ». Le procès doit révéler (c’est le sens premier du mot « apocalypse ») ce qui s’est produit pendant le Grand Blanc, trois ans d’amnésie collective votée par référendum en 2020. Une écriture vivifiante, des documents versés au dossier, des échanges de mails entre « artemis.delolympe@gmail.com » et « jesus-christ.superstar@royaumedescieux.org », une réécriture roborative de la mythologie grecque, des chansons (Indochine, bien sûr, mais aussi les Spice girls, et d’autres), le monde dans 50 ans, 50 ans après l’échec de la prophétie des Mayas. La température extérieure est de 35 degrés Celsius minimum et le président de la VIIe République, toujours absent, signant des contrats commerciaux, vend le pays département par département. La Corse est déjà acquise par les Russes. Le public est installé dans la télévision (« Canal National »). Mais personne n’accorde le moindre crédit aux propos de la Sibylle.

Il est urgent de lire ce livre de Chloé Delaume.