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1 juillet 2016

Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal

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« ... elle est frappée de la fragmentation du monde, de la discontinuité absolue du réel sur ce périmètre, l'humanité pulvérisée en une divergence infinie de trajectoires… » : Cette citation est extraite après plus de la moitié du roman. Elle, dans le roman, travaille en région parisienne, médecin à l’Agence de la biomédecine, et va mettre en relation l’équipe qui entoure Simon Limbres, en état de mort cérébrale, et l’équipe qui attend un don d’organe pour quelqu’un. Alors que, dans l’urgence de la situation, depuis le début de la lecture, nous avons le sentiment que le temps s’étire, que l’éternité s’installe, faite de décisions douloureuses à prendre, de conscience exacerbée, d’écoute et de profonde peine, d’amour aussi, d’amour, à ce moment-là, l’irréversibilité impose sa cadence. Il faut aller vite. Et c’est près du Stade de France que l’accélération se joue. 

La fragmentation du monde était déjà présente dans Naissance d’un pont. Mais il s’agissait d’un chantier gigantesque, où des hommes et des femmes se retrouvaient, venus de différents pays et d’horizons divers. On aurait pu croire qu’une transplantation d’organe mobiliserait une moindre part du monde. Or, Maylis de Kerangal révèle la même disparité, les mêmes différences, autant de détails, une pensée en entrainant une autre, une émotion réveillant un souvenir, une route menant aux vagues, ici de l’océan, là d’un embouteillage aux portes de Paris. 

Et cette « divergence infinie de trajectoires » se concentre soudain, une journée dans le roman, quelques heures dans un bloc opératoire, pour greffer un coeur. Et quelques jours de lecture qui nous mettent au plus près de la vie, de la mort, dans une extrême précision des mots et des gestes, entre « 05:50 », heure inscrite sur un portable « quand soudain tout s’est emballé » et, quand « s’achève le grand surf dans la nuit digitale », à « cinq heures quarante-neuf ».

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