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4 mai 2016

Merci patron, film de François Ruffin

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C’est l’histoire d’un ogre qui, après avoir mangé des vies et des usines, a chaussé ses bottes de sept lieues pour partir dans un autre pays où on ne lui demanderait pas de comptes. Mais son départ n’est pas passé inaperçu, et un petit Poucet a voulu le rencontrer. N’y parvenant pas, il a demandé à celles et ceux qui ont vu les dégâts qu’il avait provoqués de venir avec lui dans une réunion des vassaux de l'ogre, dans un château où coule le champagne. Et celles et ceux qui avaient vu les dégâts les lui ont montrés, au petit Poucet. Ils lui ont présenté un couple au bord de tout perdre définitivement, même les légumes du jardin, et même la petite maison dans la prairie. Alors, le petit Poucet a écrit une lettre à l’ogre, et celui-ci a cédé un peu de ce qu’il avait amassé en piétinant les métiers et les fabriques. Surtout, il n’en faut rien raconter, on pourrait en déduire qu’à la fin, c’est le petit Poucet qui gagne.

Ce n’est pas un conte mais ça y ressemble un peu. Et si Les Charlots n’ont pas inventé une chanson révolutionnaire en 1972, sa reprise par le public à la fin de la projection du film de François Ruffin dit bien que les choses n’ont pas beaucoup changé. Avec Louise-Michel, en 2008, Gustave Kervern et Benoît Delépine montraient des héros qui ne trouvaient pas LE patron et s’en prenaient donc aux anonymes fonds de pension à cause de quoi l’entreprise qui les embauchait avait été déménagée et le personnel licencié sans autre forme de procès.

Depuis, c’est sans vergogne que les patrons exhibent leurs salaires et leurs parachutes dorés, leurs primes d’arrivée et leurs primes de départ. Alors, quand on en tient un, il ne faut pas le lâcher. Il va cracher au bassinet. Et c’est tout le plaisir qu’on souhaite à ceux qu’il a privés d’emploi et de moyens de vivre quand il se pavane à la tribune de ses Assemblées générales.

Mais surtout, ce qui est remarquable dans ce film, c’est l’engagement du réalisateur. Il aurait pu filmer la classe ouvrière et faire un portrait des exclus sans rien changer dans leurs vies. Mais peut-on rester spectateur quand on pense qu’agir est possible ? François Ruffin a choisi d’agir, pas seulement de dénoncer, mais de faire, à son échelle, ce qu’il pouvait pour changer quelque chose dans la vie de ces gens qu’il a rencontrés, écoutés, dont il témoigne et avec qui il partage joyeusement le combat contre le désespoir, épaulé par une syndicaliste qui n’a rien lâché.

J'ai vu ce film sous le chapiteau des Jeunes Pousses, à Saulx-les-Chartreux (91)

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