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3 janvier 2016

À peine j'ouvre les yeux, de Leyla Bouzid

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Nous sommes en Tunisie, en 2010. Farah (Baya Medhaffar) a 18 ans et attend les résultats du bac mais, surtout, elle est dans cet âge où tout ce qu’elle fait inquiète sa mère, Hayet (Ghalia Benali). Elle rentre tard chez elle, elle fréquente des amis avec lesquels elle a formé un groupe qui chante des chansons parlant de la réalité du pays. 

Nous sommes en Tunisie, en 2010. La liberté d’expression, revendiquée notamment par les jeunes, n’est pas la règle. Quand Farah, pour fêter son bac, va faire la fête avec ses copains dans un café, et qu’elle y chante sa chanson « À peine j’ouvre les yeux », sa mère en est prévenue immédiatement et la menace pèse alors sur elle, et la peur. Farah vit sa révolte et n’est sans doute pas encore consciente de la gravité des risques qu’elle encourt. 

Nous sommes en Tunisie, en 2010. La délation est monnaie courante, c’est ainsi que le système s’est érigé et il faudra un formidable soulèvement pour commencer à changer cela. La génération précédente, même si elle a rêvé de liberté dans sa jeunesse, a fini par se soumettre, par « entrer au parti », par choisir une vie confortable, sans liberté mais avec le confort. C’est en tout cas ainsi que vit la famille de Farah, un père chef de chantier (souvent absent) et une mère qu’on voit surtout à la maison où travaille une bonne. Mais le pays n’offre pas de perspective à la génération de Farah qui cherche un sens à l’existence, au risque de tomber sous les coups d’une police qui se permet tous les abus (du bakchich à la torture physique). Ce qui se passe dans le récit de Leyla Bouzid, c’est la rencontre de ces deux générations, celle des parents reconnaissant l’engagement de leurs enfants, s’y reconnaissant finalement, mais y voyant aussi leurs propres renoncements. 

Nous sommes en Tunisie, en 2010. À la fin de l’année 2010, Mohamed Bouazizi va s’immoler par le feu et commencera alors ce que nous avons appelé le Printemps arabe.

Emel Mathlouthi, que j’ai déjà présentée ici, et qui vient de chanter (« Ma parole est libre ») lors de la remise du prix Nobel de la Paix au quartet menant le dialogue national en Tunisie, dit, dans une de ses chansons que « le chemin est long ». Le 31 décembre 2015, le journal lemonde.fr titrait : « Tunisie : une adolescente de 17 ans risque la prison pour des statuts Facebook ».

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