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13 août 2015

La Disparition, avec le Begat Theater

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Des écouteurs sur les oreilles, un livre à la main (© photo : Sileks), on les a vus passer ici, me dit quelqu’un près du kiosque. Un peu plus tard, c’est moi, écouteurs sur les oreilles, livre à la main, qui passe au même endroit. Je viens de la rue de Dijon, j’ai fait un arrêt à l’angle de la rue de la Glacière. Mais la balade a commencé sous la voûte d’une muraille où je suis entré en tirant la porte en bois au fond d’un jardin… Dans les écouteurs, on me dit ce que j’ai à faire : retrouver Carlotta Valdez, auteure de polar disparue il y a déjà quelques jours, alors qu’elle devait écrire la dernière aventure de son détective Melville. Et c’est ainsi que je me trouve dans les rues de Chalon, seul, ou plutôt guidé par ce qui m’est dit et que je suis seul à entendre dans la foule des festivaliers que je traverse pour aller d’ici à là et encore ailleurs. Un jeu de piste, une nouvelle policière. Vous êtes seul, vous n’êtes pas seul, c’était ce que nous disait le Begat Theater pour nous inviter à ses précédentes créations (Les Demeurées, Histoires cachées). Cette fois encore, le chemin se fait seul, bien balisé cependant et toujours accompagné. Au point que l’on se sent épié même si, dans la rue où l’on passe, il n’y a qu’un couple qui semble venir par hasard et ne s’arrête pas. Seul comme dans la lecture d’un livre qu’on tient à la main en traversant une ville. On s’identifie aux personnages. On suit une silhouette virtuelle qui s’arrête dans un petit espace vert, et on regarde alors autour de soi comme pour faire coïncider la fiction et la réalité. Et, plus loin, on suit une jeune femme qu’on ne connaît pas et où elle va, on va aussi. On est en confiance et pourtant intrigué. Un personnage dont on ne sait plus, à ce moment-là, s’il sort de quelque part ou du récit donne d’autres informations et il faut à nouveau traverser la foule avant d’être entraîné plus loin, sur le quai de la Saône, où une autre jeune femme vous sourit (est-elle complice ? a-t-elle déjà fait le parcours ?)… Vous n’êtes plus seul. Vous faites partie de la compagnie des lecteurs-auditeurs-marcheurs qui partagent, avec un léger décalage, une aventure, qui cherchent une inconnue, un inconnu, qui a laissé des traces dans la ville et en inscrit dans votre mémoire. Vous entendez ces sons, ces mots, qui partent sur leurs ondes dans l’espace infini. Vous êtes arrivé. Qui vous a mené jusqu'ici, Melville, Carlotta Valdez ou vos propres pas ? Expérience de lecteur... ( ci-dessous, photo noir et blanc vue sur le site du Begat Theater)

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Demain, je ferai à nouveau ce chemin à rebours. Je mangerai un sandwich au bord de la Saône ; je traverserai la Place St Vincent où, l’année dernière, j'observais les Regardeurs (Les Souffleurs) en haut de la cathédrale ; je m’arrêterai au kiosque où, il y a plus longtemps, j’avais écouté, immobile, les voyages de la Babel sonore (Compagnie Caracol), des écouteurs sur les oreilles… Et je remonterai jusqu’en haut de la rue de Dijon, à la recherche de cette porte où, en sortant d’un très long couloir, j’avais cru apercevoir une soucoupe volante.

J'ai participé à cette déambulation à l'occasion de Chalon dans la rue 2015.

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