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19 janvier 2015

OULIPO, la littérature en jeu(x)

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C’est une exposition. Y allant, je l’avoue, je crains qu’elle ait quelque chose de nostalgique. Ce qui était est là, regroupé dans des vitrines, comme dans une sorte de cimetière. Comment faire d’une exposition, dont on veut qu’elle présente un groupe vivant, un ensemble vivant ? Le mur de l’escalier qui monte à l’étage porte des mots écrits avec des fils, en relief. Passée la porte, on entend, derrière un rideau sur la gauche, des propos enregistrés. Des gens y semblent assis. Je n’entr’ouvrirai pas le rideau. J’irai dans ces sortes d’alcôves où sont présentés les oulipiens : photos, dessins, sculptures, portraits en creux (dessin numérique), et autres procédés témoignant d’entrée de la diversité des formes et des genres que réunit l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle). Ce n’est pas uniquement une réunion de littérateurs, c’est aussi un groupe d’amis. Contrairement aux surréalistes, héritiers d’autres traditions, il n’y a pas ici d’exclusion, quand on a été coopté, on est oulipien pour l’éternité (excusé aux réunions après la mort). Il faut une bonne dose d’amitié pour que cela dure. L’exposition se poursuit. Un visiteur éclate de rire, une femme qui semble être venue avec lui s’approche : il lui fait partager son rire. Personne n’a l’air compassé, on s’arrête devant les Cent mille milliards de poèmes (de Raymond Queneau) qu’on ne peut pas jouer soi-même (il faudra acheter le livre, si on veut, ou consulter le site internet qui leur est consacré), on déplace des mots écrits sur des cubes de bois, on joue. Mais on voit aussi des notes préparatoires de Jacques Roubaud, de Georges Perec, et d’autres. Et voici un jeu de dominos de l’OUBAPO (bande dessinée), une autre proposition de l’OUPEINPO (peinture), parce que l’OULIPO est un « projet total ». La contrainte seule ne fait pas la qualité de l’oeuvre, mais, outre le fait qu’elle « fait jaillir les potentialités de la langue », elle est « un choix, revendiqué comme chemin par où se conquiert une liberté ». C’est ainsi que se définissent les oulipiens : « rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ». Un jeu, dans la dernière salle de l’exposition, vous propose justement de vous y mettre pour regagner la sortie que vous ne pouvez atteindre qu’en traversant à nouveau les six salles (six ? il faudrait vérifier).

L'exposition peut se visiter à la Bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, jusqu'au 15 février 2015.

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