Une image peut être vraie. Alix Cléo Roubaud, par Hélène Giannecchini

En ouvrant au hasard le livre d’Hélène Giannecchini, j’ai relevé deux indications :

page 49 :

Division 30
Ligne 15
Tombe 42

Et page 140 :

La cote des photographies d’Alix dans les collections de la BNF est « EP 5000 ».

Quand je reviens ainsi dans le livre, ces deux indications me disent qu’il y est question de vie (et donc de mort) et qu’il y est également question d’oeuvre.

Hélène Giannecchini renonce à écrire une biographie, qui serait réductrice et dont il lui manque, bien sûr, des éléments bien qu’elle aille les chercher, mais ce n’est pas parce que ça manque qu’elle y renonce, c’est essentiellement parce que les photographies d’Alix Cléo Roubaud ne sont pas autobiographiques. Bien sûr, il y a les photos des proches, connus (Jean Eustache, Jacques Roubaud) ou inconnus, qui me font penser à certaines photos de Nan Goldin, mais Alix Cléo Roubaud ne cherchait pas à témoigner du quotidien. Bien sûr, il y a Quinze minutes la nuit au rythme de la respiration, mais retourner devant les cyprès ne dit rien de ce que la photographie, selon le tirage qu’en a fait Alix, révèle. 

Il s’agit de faire oeuvre d’art, comme un peintre, la pellicule étant considérée comme une palette. Faire oeuvre d’art, être reconnue comme artiste « selon une formule bien établie : regard novateur, profondeur théorique, vie chaotique ». Le livre fait des arrêts devant telle ou telle photo, en relève des aspects qu’un regard rapide ne voit pas pour en mettre en évidence la construction (ainsi de la photo intitulée « Le Baiser », par exemple, dont un coup d’oeil rapide ne permet pas de voir que les deux mains qu’on y voit ne sont pas celles de la femme, mais une main féminine et une masculine) ; il ne s’agit pas pour autant d’enfermer l’image dans une seule signification : comme un tableau, comme un poème, elle peut encore faire émerger bien des significations.

Il faudra que je retourne voir l’exposition à la BNF : Alix Cléo Roubaud a encore des choses à me montrer.