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14 novembre 2014

Bande de filles, film de Céline Sciamma

Bande-de-filles

Bobigny, un urbanisme de dalles, des parents absents (le père, on ne sait pas où il est ; la mère fait le ménage dans des bureaux), le grand frère joue l’autorité, claque, donne des ordres (« c’est pour ton bien »), impose sa morale (une fille qui couche, c’est une pute)… « C’est pas de ma faute », dit Marieme (Karidja Touré). « Et qu’est-ce que je devrais savoir ? » demande la prof, hors champ, qui lui refuse le passage en Seconde générale (j’ai pensé à une des filles de La Cour de Babel). Comment trouver sa place, son identité, dans ce contexte ? Comment ne pas être dominée, que ce soit par un frère (qui règne sur ses trois soeurs), par un système scolaire (qui exclut), par les garçons de la cité, par la société (qui ne propose qu’un emploi très subalterne - et j’ai pensé au Quai de Ouistreham -), par l’économie parallèle (prostitution et drogue) ? Devenir une femme au foyer : la naissance d’un enfant, le mariage font rentrer dans le rang une fille, qui devient ainsi une femme respectable, quelqu’un de bien… Non, elle ne le sait pas au début du film, Marieme, elle ne le sait pas avant de devenir Vic - nommée ainsi par celle qui l'accueille dans la bande, Lady (Assa Sylla) -, puis d’abandonner ce nom pour être elle-même. C’est une battante, sans doute ; elle va passer par des souffrances, par la solitude, mais elle ne lâchera rien de sa révolte, elle qui ne se révolte que pour être reconnue pour ce qu’elle est, ou qu’elle voudrait être, belle, avec les autres, comme un diamant dans le ciel.

J'ai présenté dans ce blog le film précédent de Céline Sciamma, Tomboy, où les questions ne sont pas très différentes : relations entre soeurs, relations avec les garçons, avec les filles, question de l'identité. Céline Sciamma n'enferme pas ses récits dans une classe sociale : ils interrogent toute la société, qu'on soit noir ou blanc, qu'on vive depuis toujours au même endroit ou qu'on y arrive. Ses personnages sont encore dans l'enfance ou dans l'adolescence, au seuil de profonds changements personnels ; son regard est juste, elle ne fait pas dans la romance, ni dans l'excès. Elle en respecte le contexte, elle en montre la beauté.

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