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2 mars 2014

Grosse fatigue, vidéo de Camille Henrot

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Je suis venu dans la galerie Kamel Mennour de la rue Saint André des Arts, à Paris, pour cette vidéo de Camille Henrot, dont il me semble que je n’avais jamais vu quoi que ce soit. La vidéo dure treize minutes. Si peu de temps pour évoquer la création et le développement de l’univers. Les images se suivent, s’accumulent, se superposent, glissent, laissent place à des manuscrits, des pages d’Internet… Elle explore des tiroirs où dorment des oiseaux conservés aplatis, propose des billes colorées lancées sur un plan comme si c’étaient les planètes expulsées par le big bang, joue avec un œil, utilise des vernis à ongles bleu ou vert ou rouge ou noir et blanc (et je pense au vernis à ongles blanc et noir d’une femme vue dans le métro et dont un des ongles représentait une fermeture éclair), assiste à la ponte d’une tortue et au nombre incalculable des petites tortues qui sortent des œufs, casse la coquille noire d’un œuf cuit dur dont le blanc est marqué de traits noirs, assiste au repas des tortues, dessine un cercle noir après avoir trempé un pinceau dans l’encre, puis une forme ronde et bleue qu’elle remplit en tournant, tournant, tournant le trait sans lever la main, assiste au départ solitaire d’une tortue vers l’océan, l’océan dont elle nous a montré une image au début du montage, avant de présenter un corps masculin (sans tête ni sexe) puis un corps féminin (sans tête ni sexe), ce dernier couvert de mousse, de bulles de savon dont nous avons suivi la plus grosse au creux de l’omoplate, les bouches, les mains, les yeux, les chats, les oiseaux, ce corbeau becquetant un rapace tombé sur le béton, les poissons, et tout ce que j’oublie au moment d’écrire ici. Alors me revient le texte qu’on entend tout au long de cette suite d’images de collection scientifique, un texte qu’elle a écrit avec Jakob Bomberg : fait de tous les récits de la création du monde connus, ce poème semble, à l’instar des images, défiler sans fin et déborder de nos oreilles, montrant la confusion, l’imagination des cultures et des chercheurs visant à expliquer les origines de l’univers et son expansion, non sans humour, rappelant que le créateur, le septième jour, se reposa, victime sans doute d’une grosse fatigue. Mais il n’y a peut-être même pas de créateur, je retiens deux phrases extraites de ces récits initiatiques et reprises dans ce poème : « Au commencement tout était calme, il n’y avait aucun commencement », puis « Au commencement, le Mot était déjà ».

Cette œuvre est visible à la Galerie Kamel Mennour jusqu’au 22 mars 2014.

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