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18 octobre 2013

Parabole du failli, de Lyonel Trouillot

parabole-du-failliLe suicide d’un ami reste longtemps marqué dans la mémoire. Comment n’avions-nous pas remarqué ? Qu’est-ce qui a manqué ? Les trois amis qu’évoque le livre de Lyonel Trouillot me font penser aux trois jeunes gens du récit de Marie Vieux-Chauvet cité il y a quelque temps dans ce blog. Parmi les trois du récit intitulé Folie, il y a un poète. Mais c’est peut-être la réalité haïtienne de rencontrer un poète toutes les trois personnes. Ici, tous les trois sont liés à l’écriture : le narrateur est journaliste (dans une rubrique nécrologique), l’Estropié a une collection de livres rares, Pedro est artiste, acteur, poète. Pour évoquer son ami, qui est tombé du douzième étage d’un immeuble pendant une tournée internationale, le narrateur doit parler de tout : Port-aux-Princes, Haïti, les rues, les enfants, la famille, les riches, les pauvres, les maisons, les violences, les accidents, les joies, les révoltes, les amours, les échecs, les espoirs… Et Lyonel Trouillot cherche à faire entendre la voix et les mots du disparu. « Depuis ta mort, il n’y a plus ta voix », écrit-il. Cette absence est absolument terrible. Et, sur la même page, le narrateur dit : « Tu n’appartiens désormais qu’à la bouche des autres, à la part de langage qu’ils daigneront t’accorder dans leur conversation ».

Par ce livre même, l’auteur donne à son ami dont il ne comprend pas le geste, quoiqu’il l’approche de plusieurs côtés, la possibilité d’être à nouveau présent dans les conversations, avec les poètes qu’il déclamait dans les rues, les villages, sur les scènes, et son propre texte, cette Parabole du failli.

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