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10 octobre 2013

Le Soldat ventre-creux, de Hanock Levin, mis en scène par Véronique Widock

lesoldatventrecreux

C’est un peu l’histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky, celui qui revient de guerre, la guerre qui divise, qui sépare, qui rend méconnaissables les hommes qu’elle broie. C’est aussi l’histoire de Sosie dont le messager des dieux prend l’apparence pour tromper la fidélité d’une femme amoureuse. Mais ici les Sosie se multiplient. Les hommes que prend la guerre ne se ressemblent pas et pourtant ils sont les mêmes : blessés dans leur corps et dans leur propre estime. Personne ne les voit, ne les entend comme ils sont, comme ils parlent. Sauf peut-être un enfant dont une chanson ancienne berçait l’innocence. La guerre n’a rien résolu de la misère du quotidien, de la pauvreté et des assiettes presque vides. Et nul n’a plus vraiment de chez soi : ni celui (Vincent Debost), ventre-plein, qui occupe la maison, ni celui (Stéphane Facco), ventre-creux, qui s’installe devant la porte, ni celui (Henri Costa), ventre-à-terre, qui va bientôt mourir. Ce sont trois visages, trois corps du même homme, qui à nos yeux de spectateurs ne se ressemblent pas, mais qui ne sont sans doute que trois moments d’une vie massacrée rassemblés par le théâtre. Véronique Widock, qui signe la mise en scène, a choisi de ne jamais les faire sortir de scène, sans doute pour que nous parvenions, en fin, à reconstituer le personnage qui se bat pour vivre, simplement vivre, et pouvoir dire : « C’est moi ». Ah oui, quelle connerie, la guerre !

J'ai vu ce spectacle au Théâtre de la Tempête, à Paris.

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