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11 juillet 2013

Le chant des Bushmen /Xam, de Stephen Watson

lechantdesbushmenxam

Bushmen ou /Xam, « dépossédés de la terre où ils avaient vécu comme chasseurs-cueilleurs pendant des siècles, pourchassés comme des bêtes sauvages par les colons blancs, considérés comme des parasites par les tribus noires voisines, ils étaient pratiquement exterminés, victimes du génocide, vers la fin du XIXe siècle. Il est impossible aujourd’hui de réaliser entièrement ce qu’a pu être leur extermination, mais il est un fait discret qui aussi bien qu’un autre inspire l’horreur et la pitié : il ne reste personne au monde capable de parler la langue des /Xam. »

C’est avec ces mots, extraits de la préface, que Stephen Watson, poète sud-africain contemporain, présente les textes recueillis par un linguiste allemand, W.H. Bleek pour sauver ce qui pouvait encore l’être d’une culture et d’un patrimoine oral menacés d’extinction. Trois hommes, nommés //Kabbo, /Han≠Kasso et Dia!Kwain, racontent ainsi des faits vécus (la mort par torture de Ruyter, par exemple), des pratiques traditionnelles (la chasse au porc-épic, l’appel de la pluie…) ou encore toute une cosmogonie (soleil, lune, étoiles). Apparaissent devant nos yeux une relation étroite entre la terre et le ciel, entre les hommes et les animaux, entre les vivants et les morts. On a l’impression d’entrer dans l’enfance du monde, non pas dans l’innocence ou la naïveté, mais dans les premiers temps de l’humanité, quand une jeune fille créait la Voie Lactée, quand les humains étaient de la famille des étoiles, quand la lune était une chaussure lancée dans le ciel.

Un poème pour dire la proximité des hommes et de la nature :

La pluie mâle est une pluie de colère.
Elle apporte la foudre violente comme la peur.
Elle apporte l’eau en tempête, change la poussière en fumée.

Et nous nous frappons le nombril de nos poings serrés.
Nous nous pressons les mains à plat sur le nombril.
Nous claquons les doigts devant la colère de la pluie mâle.

Et nous restons debout devant la violence de l’eau,
nous restons dehors, au plus près du tonnerre,
et nous claquons les doigts et chantons sous ses coups :

« Pluie, va-t-en vite ! Tombe mais va-t-en !
Pluie, repars d’ici ! Va-t-en de cet endroit !
Pluie, prends ta colère et va-t-en de chez nous ! »

Car c’est l’autre que nous voulons, la pluie femelle,
celle qui tombe doucement, pénétrant dans le sol,
celle-là, nous l’accueillons, elle nourrit les plaines,

et les arbres bourgeonnent, les springboks viennent au galop.

Les signes phonétiques //, !, / et ≠ représentent les divers clics de la langue /xam, que Stephen Watson a conservés avec les noms dans les textes « pour leur aspect visuel étrange, pour qu’ils rappellent à quel point le monde des /Xam nous est étranger ».

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