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8 avril 2013

Montedidio, d'Erri de Luca

montedidio_erri_de_luca« Je viens d’avoir treize ans et mon père m’a mis à travailler. C’est juste, c’est le moment. » L’enfant qui écrit va nous faire partager son année, sa première année d’homme, l’année où il quitte l’enfance et découvre le monde même si, à Naples, il n’y a pas beaucoup d’espace pour accueillir le monde. Ce monde lui vient à travers Rafaniello, un cordonnier installé dans la boutique du patron menuisier du jeune homme, le cordonnier des pauvres dont les ailes occupent la bosse qu’il a dans le dos, homme aux cheveux rouges qui parle aussi de Dieu (qui existe parce qu’on insiste) et s’apprête à rejoindre Jérusalem. Le jeune homme découvre sa propre voix qui mue, son propre corps qui change et le trouble sans qu’il comprenne toujours ce qui se passe, notamment quand Maria lui dit que, fiancés, ils doivent désormais « faire l’ammour ». Et il écrit, en Italien - alors que son père, napolitain, peine à apprendre cette langue - sur un rouleau qui entraîne le présent pour en faire du passé, et le garder au secret. Il y a aussi un « boumeran », cadeau de son père qu’il tient d’un marin et qui doit bientôt voler dans les airs. Ce « boumeran », c’est un peu de lui, bois dur, durcissant, brûlant parfois, retenant son geste mais prêt à jaillir. Il faut attendre le meilleur moment, le moment juste, après la mort de la mère, le moment du départ de Rafaniello, celui du volcan, celui des feux d’artifice, celui où le rouleau d’écriture est rempli, où il n’y a plus de place pour accueillir la voix nouvelle qui sort de sa bouche.

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