Femis – Travaux de fin d’étude (TFE) 2012 (3)

Il y a plus de vingt ans, j’ai voyagé entre deux villes d’une Russie qui était encore soviétique, parti de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) pour rejoindre Moscou en train de nuit. Ce voyage me semble si lointain quand je le présente ainsi, mais il est encore très présent dans ma mémoire. Nous étions une dizaine, de plusieurs nationalités, venus de France pour voir naître un théâtre de la Perestroïka. Sur un pont au-dessus de la Neva, nous avions chanté « Sur le pont d’Avignon ». Et pendant le voyage de nuit, nous avons raconté des histoires de nos pays respectifs, chanté d’autres chansons, mais surtout pas dormi, excités à l’idée de voir Moscou le lendemain. Par les vitres du train, embuées au petit matin quand a pâli l’aube, j’ai vu des paysages qui m’ont fait penser à Michel Strogoff (« Regarde de tous tes yeux, regarde ! »). Et toujours ces images m’y font penser. Celles du film (TFE son) de François Abdelnour aussi. Celles et ceux qu’il appelle Les Naufragés filent dans le froid, chantant, se regardant l’un l’autre, curieux, étonnés, souriant, sérieux, solitaires ou ensemble. Le rythme du convoi marqué par le passage des roues aux jonctions des rails accompagne le son des voix qui chantent, la danse esquissée, le sommeil qui vient sur la couchette, l’échange des regards. Partir toujours plus loin, plus loin qu’Irkoutsk ?