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15 août 2011

Chalon dans la rue, 2011 (5)

100_4669Rictus.

Sa veste est blanchie par la craie avec laquelle il a écrit ses poèmes sur l’armoire métallique qu’il transporte, et sur les murs. Place publique, un homme prend la parole. C’est « l’homm’ modern’ qui pouss’ sa plainte », c’est Jehan Rictus, poète à la charnière du XIXe et du XXe siècle, mais dont les propos résonnent aujourd’hui avec une grande acuité. « J’veux pus êt’ des écrasés / D’la muflerie contemporaine ».  C’est dit, avec cette élégance que revendique le poète qui fait son feu comme il peut, quand il fait froid ; qui engueule Jésus avec beaucoup de compassion : « De quoi… a saign’nt encor tes plaies ? » et qui crie « Gn’a Jésus-Christ qui meurt de faim ! » mais il sait bien que, « surtout les ceuss’ qui dis’nt qu’i (l’)aiment », personne ne bougera. Garniouze a construit ce spectacle comme un chemin de croix, qui passe bien sûr par l’église, mais aussi par le Pôle Emploi, et se termine devant une maison murée où il demande avec modestie « un foyer quoi… un p’tit log’ment ». Et dans tous ces textes, Garniouze, digne, d’une voix puissante et pourtant qui nous parle au cœur, fait le portrait de « l’artiste, le meneur, l’anarcho » (c’est d'ailleurs ainsi que Rictus fait le portrait de Jésus), « un placard à douleurs ». La croix qu’il traîne, c’est un casier de l’administration d’où il sort des papiers qui s’envolent, des fois qu’il y aurait quelqu’un pour les ramasser, pour les lire, pour les crier.

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