Chambre 10, par la Compagnie Traction

Une gêne s’installe dès la première image. Est-ce la quasi-nudité des danseurs ? Leur aspect : une jeune femme inerte, sorte de nymphe endormie, un homme très maigre debout tournant autour d’elle, comme s’il y découvrait la chair ? L’image change, arrive un gorille, corps tout entier couvert de poils, démarche animale et la femme se réveille, se lève et commence une danse qui évoque une aventure de King Kong. La suite des tableaux nous fera comprendre que tout se joue dans un hôpital psychiatrique.

Claire Durand-Drouhin a créé cette pièce en travaillant à l’hôpital Esquirol de Limoges. C’est une belle danseuse que ses choix de chorégraphie confrontent à ce qui nous est assez étranger. Nous connaissons le désir, mais comment s’exprime-t-il dans  cet univers d’internement et dans la tête et le corps d’une femme qui n’est pas reconnue comme telle : tantôt traitée comme un animal, tantôt comme un enfant (couche, soins) ? Le spectateur ne sort pas indemne de ce spectacle, ne sachant y déceler ce qu’il lui révèle de lui-même.

J'ai vu ce spectacle à l'occasion de la Scène ouverte à la danse de l'Espace Beaujon (Paris).