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17 avril 2011

La temps du voyage, par la Compagnie Entre chien et loup

Dans la cour, près du bar, une porte ouvre sur une cuisine au fond de laquelle un escalier en bois permet l’accès à l’étage. Trois possibilités s’offrent alors, trompeusement désignées par ces mots : par ici – par là.

100_3239On entre dans une première pièce, on a l’impression de déranger les visiteurs arrivés plus tôt, mais non, chacun est dans son voyage, et croise les autres. Des petits objets installés, des lumières, et, surtout, des casques d’écoute. Le premier que je pose sur mes oreilles me raconte des voyages de migrants, avec l’inquiétude, l’espoir, la vie au jour le jour. Les voix s’installent dans ma tête et déjà mes yeux sont ailleurs, sur ce train qui tourne et rythme les allées et venues (cliquez sur l'image ci-contre). D’autres récits m’attendent dans les coins, reliés par des rivières de réveils accumulés le long des plinthes. Une lampe brille dans une cage devant la fenêtre. Je m’arrête devant le train qui tourne sans arrêt : il porte des grains de riz, me semble-t-il, dans ses wagons. Pas de voyageurs. Il file comme un oiseau, s’enfonce dans la montagne où attendent, au secret, des lettres postées je ne sais d’où.

100_3234En face, une alcôve, d’autres objets, d’autres récits, et dans la profondeur du grenier un grand abat-jour et un mannequin de couture. Grenier d’une enfance lointaine, ne me manque que l’odeur des pommes qui y étaient étalées après la cueillette. Je l’évoque et la voici. Je ne regarde plus rien que cette lueur, au fond. Je reviendrai un peu plus tard mais l’émotion fugace ne me sera alors rendue que comme un souvenir récent.

100_3237Dernière pièce, de l’autre côté du palier : encore ces réveils agglutinés et formant des monticules dans les angles, d’autres mécanismes tournent et, en particulier, un coureur cycliste, la main levée en signe de victoire, sur un disque vinyle noir, d’où ne sort pas de son sinon, une fois encore, dans la mémoire.

100_3227Le temps du voyage, le temps qui se mesure aux aiguilles d’un réveil, d’une montre, au rythme d’un train qui tourne régulièrement alternant le vide et le tunnel, à la lueur des bougies qui révèlent l'image d'un négatif, à la distance des souvenirs, tantôt lointains, tantôt proches. Une expérience qui met en mouvements d’autres expériences, crée une forme d’échange dont on sort troublé, peut-être un peu transformé, on se met à attendre une lettre, de celles qu’on a vues serrées l’une contre l’autre près des rails, au passage du train.

 

J'ai vu cette installation dans le cadre du festival Ceux d'en face, d'Animakt, à Saulx les Chartreux (91). Suite du festival demain.

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