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8 avril 2011

Une femme sans importance, d'Oscar Wilde, par la Comédie de la Mansonnière

unefemmesansimportanceOscar Wilde est connu pour ses bons mots, ses formules cinglantes, et quelques obsessions que l’on retrouve dans le texte de cette pièce : la notion de mari idéal, et la question de la constance, entre autres. Mais encore, pour apprécier tout l’art de l’auteur, il est bon de se rappeler ces quelques lignes prises à sa préface au Portrait de Dorian Gray : « L'artiste est le créateur de belles choses. [...] il n'y a pas de livre moral ou immoral. Les livres sont bien ou mal écrits. Voilà tout. [...] Aucun artiste ne désire prouver quoi que ce soit. [...] Tout art est plutôt inutile. »

Il n’y a donc rien à prouver, il ne faut pas chercher dans ce théâtre un message, qu’il soit politique, social ou moral. Seule doit primer l’esthétique.

L’auteur déroule l’intrigue de façon peu originale, comme si ce qui comptait surtout pour lui c’était de tirer le portrait de cette société aristocratique anglaise, hypocrite, vaniteuse, cruelle envers les autres, ceux qui ne sont pas de la même classe sociale, les pauvres, les étrangers. Il n’est certes pas innocent que « la jeune puritaine » invitée dans cette maison soit américaine, et qu’elle apporte, finalement, une issue à la situation qui s’embrouille devant nos yeux.

Et la Comédie de la Mansonnière nous donne de l’esthétique : un décor fait de quelques tulles, la double reproduction de la Vénus de Milo, un mobilier chic et sans excès. Des costumes qui évoquent le siècle passé. Un majordome silencieux toujours au bon endroit au bon moment. Et des personnages bavards, qui tantôt déversent des banalités, tantôt piquent l’esprit du spectateur.

Le ton employé par la plupart des personnages est ici désagréable du fait de leur arrogance. Trois personnages prennent une importance particulière dans ce spectacle : Mrs Allonby qui prône une sorte de féminisme faisant le pendant au dandysme de Lord Illingworth, aristocrate sans honneur et sans morale, méprisant à l’égard de tous et que rien n’affecte, et Mrs Alburthnot, issue de la classe moyenne, vivant chichement mais dont la fierté et l’intégrité semblent dominer la pièce. On se demande pourtant si cette même Mrs Alburthnot n’a pas cette fierté et cette intégrité par simple amertume après sa déconvenue de jeunesse.

Je sors de la salle avec une impression assez semblable à celle que j'éprouve lorsque je vais voir certains films de Woody Allen. Un beau spectacle, un beau décor, de beaux costumes, un texte qui brille parfois, un « art plutôt inutile », pour reprendre les mots d’Oscar Wilde.

 

La Comédie de la Mansonnière concourt pour le Masque d'Or, organisé par la FNCTA, et dont la finale doit avoir lieu à Aix en octobre. J'ai vu le spectacle dans le cadre des Rencontres Théâtrales de la MJC-Centre Social de Chilly-Mazarin (91)

 

Commentaires
S
Merci pour ce bel article. Je vote pour l'Art inutile - et professe que les choses sont d'autant plus belles qu'elles sont inutiles!<br /> <br /> Sébastien Biessy<br /> <br /> Comédie de la Mansonnière
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