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26 septembre 2010

Forêts, de Wajdi Mouawad

foretsC’est un paléontologue qui mène l’enquête, la quête. Comme si nous allions fouiller dans les temps géologiques de la terre. Nous remonterons un peu plus d’un siècle, Clytemnestre est évoquée dans la première scène comme pour nous prévenir qu’il s’agira ici de lien maternel, mais la pièce va s’engluer dans les temps plus récents. S’engluer parce qu’il faudra à l’auteur beaucoup d’artifices pour développer son propos. J’ai eu l’impression d’assister à un exposé sur le thème suivant : nous sommes héritiers non seulement de nos ancêtres par le sang, mais aussi de toute l’histoire qui nous a précédés. Nous ne sommes pas seulement les enfants de nos parents, mais aussi de la société.

C’est d’ailleurs par ce biais que nous entrons dans le récit : Aimée va accoucher de Loup à peu près au moment de la chute du mur de Berlin. Mais un autre événement a eu lieu un peu plus tôt, qui l’aura décidée à mener à terme sa grossesse malgré un cancer déclaré. L’histoire du monde et l’histoire personnelle sont imbriquées. Et, très vite, nous quittons le Québec où se passe la première scène pour venir en Europe.

La trame de cette pièce est ensuite très alambiquée, faite de rebondissements, de bons sentiments (et de mauvaises actions).

J’ai pensé à La maison des cerfs, de Jan Lauwers, où une famille cherche refuge pour fuir les vilenies humaines. Ici, c’est dans la forêt qu’un homme enferme sa famille avec des animaux pour fonder un nouveau paradis. Evidemment, ça ne marche pas et cela forme les bases d’une tragédie. Comme dans la pièce de Jan Lauwers, un étranger arrive dans cette maison et bouleversera le désordre qui s’y est établi, introduisant la société et ses guerres, faisant éclater l’enfermement. Comme dans La maison des cerfs, c’est une jeune fille, une vierge, qui cherchera à réconcilier la famille et le monde. Mais il faudra encore du temps pour que l’on comprenne les mécanismes de cette réconciliation.

L’auteur – metteur en scène sait y faire. Le spectacle ne suscite pas l’ennui. Des scènes fortes s'imposent aux spectateurs et restent dans nos mémoires (la naissance de Loup, par exemple - photo: Marlène Gélineau Payette). Pourtant, combien de phrases se répètent dans ce texte ? Sans doute est-ce ainsi que se manifeste la malédiction et sans doute aussi est-ce un moyen de nous faire comprendre qu’il ne suffit pas de répéter une promesse pour la tenir.

Cela justifiait-il 3 h 45 de spectacle ? J'avais vu, du même auteur – metteur en scène, Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face et je n'avais pas eu cette sensation de longueur.

Forêts était présenté au Théâtre de Chaillot, le 17 septembre.

Et je trouve ce paragraphe qu'Eric Chevillard publie, le 18 septembre, sur son blog (lien ci-contre) : Reste à savoir si coule en mes veines le sang de ma famille maternelle qui dépose les corbeilles des nouveau-nés qui lui sont confiées sur l’autre rive au terme d’un siècle accompli ou celui de ma famille paternelle qui se fige trente ans plus tôt. L’avenir se chargera de débrouiller cette passionnante énigme.

 

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