Anaphormules
Je ne dis pas que les Guermantes ne soient pas de vieille souche, mais les Courvoisier ne le leur cèdent en rien, ni comme illustration, ni comme ancienneté, ni comme alliances.
A suivre ainsi les « je ne dis pas que… », dans La Recherche du Temps Perdu, de Marcel Proust, un autre Marcel, Bénabou, le même que la semaine dernière, celui de l’Oulipo, a intégré dans ses anaphormules cette expression.
Qu’est-ce qu’une anaphormule ? J’entends votre question. C’est un mot-valise formé de deux mots : anaphore (reprise du même mot au début de phrases successives), et formule (expression toute faite, stéréotype, cliché).
Par exemple, mettant mes pas dans ceux des Marcel – il s’agit ici de Proust et de Bénabou –, je peux écrire ces phrases :
Je ne dis pas qu’il y a du plaisir à se faire du mal, mais qu’à quelque chose malheur est bon.
Je ne dis pas que les patrons qui bénéficient de parachutes dorés et autres avantages indécents abusent de leurs salariés mais qu’ils sont de ceux qui font travailler plus pour, eux-mêmes, gagner plus.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire confiance aux politiques quand ils sont en campagne électorale, mais que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
Je ne dis pas que ce qui est mauvais se termine forcément dans de mauvaises conditions, mais que tout est bien qui finit bien.
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Essayez, à votre tour, de créer vos anaphormules, phrases se succédant et introduites ici par ces mots "je ne dis pas que" suivis un peu plus loin de "mais", comme le modèle ci-dessus…