Poèmes de John Keats
Où est le poète ? Montrez-le ! montrez-le
Vous, les neuf Muses ! que je puisse le reconnaître.
C'est l'homme qui en face d'un homme
Est toujours un égal, fût-il un roi,
Qu'il soit le plus pauvre de la tribu des mendiants
Ou n'importe quelle autre chose étonnante
Que puisse être un homme entre un singe et Platon ;
C'est l'homme qui, devant un oiseau,
Roitelet ou aigle, trouve le chemin
De tous ses instincts ; il a entendu
Le rugissement du lion, et peut dire
Ce qu'exprime sa gorge rugueuse,
Et pour lui le hurlement du tigre
A une signification et frappe
Son oreille comme une langue maternelle.
et cet extrait de
l'Ode au rossignol
Je ne peux même pas discerner les fleurs à mes pieds
Ni quelles essences d'arbres dégagent d'aussi suaves senteurs,
Mais, dans la pénombre embaumée, je devine chacune des odeurs
Dont ce mois de la saison parfume
Le gazon, le hallier, le fruit de l'arbre sauvage ;
La blanche aubépine et l'églantine des champs ;
La violette qui se fane si vite recouverte par les feuilles ;
Et la fille aînée de la mi-Mai,
La rose musquée en bouton, trempée de rosée vineuse,
Où bourdonnent les mouches par les soirs d'été.
poèmes de John Keats, traduction Paul Gallimard