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22 octobre 2009

Un prophète, de Jacques Audiard

Un_Prophete_afficheQuels sont, en France, les lieux qui séparent radicalement les hommes et les femmes ? La mixité hommes – femmes est acceptée partout sauf dans les prisons et dans certains lieux de culte religieux comme dans les mosquées. Jacques Audiard raconte une histoire d’hommes, il ne pouvait mieux choisir les lieux où elle se déroule : prison, mosquée.

Certes bien documenté, il ne cherche sans doute pas à faire un film sur la prison : il faut accepter ce lieu comme une convention narrative ; ça pourrait se passer ailleurs. Mais nous n’aurions plus cette dimension presque exclusivement masculine (où la femme est réduite soit à un rôle sexuel, soit à la fonction d’épouse – mère).

Ce n’est donc pas un film qui relaterait ce qui se passe en prison, ni d’ailleurs ce qui se passe dans le monde du banditisme hors de la prison ; les crimes perpétrés au grand jour ne sont pas suivis de sanctions. Et ce n’est pas parce que la mafia (quelle qu’elle soit) manipulerait toute la société, justice, police, surveillants (une société peut-elle se résumer à ces fonctions répressives ?). C’est parce que nous sommes dans une fiction.

Et chacun, dans cette fiction, est en quelque sorte un archétype, un modèle. Et, finalement, c’est assez simple : « Nous entrerons dans la carrière quand nous aurons cassé la gueule à nos aînés », chantait Léo Ferré. Ce qui se joue, c’est cette transmission conflictuelle de la virilité. Et c’est, somme toute, très symbolique.

Audiard est très fort. Son film dure près de 2 h 30 et on ne s’en aperçoit pas : le rythme est tenu, l’image est puissante, la musique ne nous lâche pas (lien vers deezer en cliquant sur l'affiche). La tension qui s’installe dès les premières images ne faiblit jamais. Jusqu’à cette dernière musique, Mack the Knife (la Complainte de Mackie), chanson de Bertolt Brecht et Kurt Weill extraite de l’Opéra de quat’sous, qui, sous couvert d’une histoire de pègre, parlait, il y a un peu moins d’un siècle, d’une société où le truand (Mackie le surineur) est, à la fin, en prison, anobli.

Aujourd'hui, à son 290e jour, mon blog dépasse le chiffre de 6000 visites depuis sa création. Merci de l'intérêt que vous lui manifestez.

Commentaires
L
Pour compléter sur l'idée de transmission, et par là poursuivant le thème de De battre mon coeur s'est arrêté, je note que la musique Bridging the Gap, de Nas ft. Olu Dara, est interprétée par un père et son fils...<br /> Un chef d'oeuvre, selon mon humble avis, tant la finesse de ce film que l'on dit violent m'a surprise. Finesse des passages avec le fantôme, qui ne semblent qu'effleurés, par exemple. <br /> Une mise en scène implacable, laissant pourtant place à la réflexion et à l'imaginaire, pour preuve ces conversations que l'on a après coup et qui durent des heures.<br /> Tout est invraisemblable, ce personnage sorti de nulle part, qui gravit les échelons sans embûches, et qui ne peut être touché par les balles ni vu lorsqu'il commet un crime. Parce que c'est une fable. Ou un prophète.
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L
"Audiard est très fort", oui, c'est un faiseur, utilisant toutes les recettes des (vieux) films de genre,il soigne la bande son pour enfoncer le clou, comme si on n'avait pas compris, et 2h30 c'est bien long. Il y a du Walt Disney et du Harry Potter (le faux cerf/faussaire qui s'éclate sur le pare-brise dans la scène où on entend le mot "prophète", les flammèches de la révélation sur le corps de celui qui annonce le Coran) mais est-ce de l'humour? Seule l'humanité du personnage de Malik et de sa "famille" se sauvent, presque "contre" le film, et encore les dernières images laissent penser que le règlement de comptes n'est pas loin... Tout ça pour ça???
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