Un dimanche à Ivry-sur-Seine
Ivry-sur-Seine, un dimanche de septembre, quelques ateliers ouverts à la visite, rue Edouard Vasseur, dans un bâtiment construit au début du XXe siècle, fait de briques et de bois et qui, après avoir abrité des activités industrielles, accueille à présent des artistes.
Ce jour-là, c’est d’abord un mur encollé d’affiches qui arrêtera mon attention. Message de paix, ce mur trouvera un écho dans le travail conjoint de Sophie Dussidour et de l’association Le fil rouge de l’image : Regards… sur l’histoire. Sophie Dussidour, qui a longtemps travaillé la représentation du corps, s’est consacrée depuis un an ou deux à la question de l’exil et, surtout, de l’espace du Proche Orient. Ici, elle saisit les regards de jeunes de Ramallah et de Jerusalem s’exprimant sur le conflit israelo-palestinien. Les corps disparaissent ; ne reste que l’intensité des yeux et de la parole dont la vibration emplit les toiles. L’artiste retrouve des formats plus petits pour dire l’intime au cœur de l’histoire.
Susan Bottrell, dans son atelier à l’étage, explore l’écrit. Tracé de lettres, comme en lisière des mots, son trait ne cherche pas à transmettre un message, excepté celui-ci peut-être : nous sommes faits de langages, parfois rangés sur des étagères comme des livres, parfois dispersés sur un carrelage, parfois agglomérés comme une forêt. Bientôt une exposition à la galerie Combes (Paris).
Sophie Clothilde est au rez-de-chaussée. C’est plus un lieu vivant qu’un atelier. Des machines à écrire, des figures, torses, marionnettes en plâtre, l’affiche d’une exposition de Raphaël dans le coin cuisine, c’est le nomanSland, îlot de résistance onirique. Films, livres pour enfants, livres d’heures, boîtes qui s’ouvrent, carrelage au sol m'évoquant un planisphère imaginé, vitres mises en scène, lieu de lectures vespérales, de fabrique d’images en deux, trois, quatre dimensions et plus. Envie de se laisser emporter dans des histoires.
(derrière chaque image, un clic, un site)