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25 septembre 2009

Alice Riehl, céramique

affichealiceriehlLe métier de la dentelle n’a plus aujourd’hui le poids économique qu’il a eu dans les siècles passés. Pourtant, tissage, broderie, dentelle gardent dans notre imaginaire une place de choix, parfois associée à la nostalgie, parfois liée à ce qu’on appelle l’industrie du luxe. Ce qui s’est peut-être perdu, c’est l’aptitude à goûter le temps qui passe et qui sert la création. Les travaux d’aiguilles occupaient les heures. A l’exception de quelques entreprises, aujourd’hui ces ouvrages se font dans des ateliers associatifs ; il m’est arrivé de voir une femme faire du crochet dans le train pendant le trajet quotidien qui mène au travail. Des pièces comme des napperons ou des châles s’entassent parfois dans des tiroirs que l’on vide après la mort d’une grand-mère. Odeur des temps anciens, fragilité du tressage et de la broderie, sont souvent associées. Alice Riehl modifie le processus.

Elle reçoit ces nappes, rideaux, tissus ajourés et les marie à la porcelaine. Les formes de ses œuvres, leurs couleurs et leur plissé en font des objets qu’on a envie de toucher. Ce ne sont pas simplement des galbes, mais des plis (mot qu’on utilise aussi en géologie, la science de la terre), des jours. Même quand elles ont un couvercle, ses œuvres sont ouvertes. «Ouvrir», selon une définition du dictionnaire (larousse.fr) - pour d'autres c'est «ouvrer», alors on parle d'ouvraison -, n’est-ce pas « démêler la laine, le coton, les déchets de soie, et en séparer les fibres comprimées dans la balle » ?

IMG_1259Pour moi, l’alliance du textile et de la porcelaine, comme la peau garde l'empreinte du tissu avec lequel elle était en contact étroit, fait que chaque objet réalisé par Alice Riehl évoque un contenu invisible, une partie du corps, un sein, une épaule, un mouvement, une ombre ou une lumière, et donne à ce contenu une sorte d’éternité.

Et je pense à cette phrase qu’Hannah Arendt a empruntée au poète Rainer Maria Rilke : « Le cours de la nature qui veut réduire en cendres tout ce qui brûle est soudain renversé, et voilà que de la poussière même peuvent jaillir des flammes. » (Condition de l’homme moderne – L’œuvre)

Les céramiques d'Alice Riehl sont exposées à la galerie Médiart, rue Quincampoix à Paris jusqu'au 3 octobre.

(cliquez sur l'affiche pour accéder au site d'Alice Riehl)

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