Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
main tenant
3 septembre 2009

The Reader

thereaderLe titre allemand du livre de Bernhard Schlink est Der Vorleser, traduit dans la version française publiée en 1996 par Le liseur. Il s’agit d’un lecteur à voix haute, d’un qui lit pour quelqu’un. Le film de Stephen Daldry s’intitule The Reader, ce qui me paraît moins précis que le mot allemand, plus fade ; et les livres dont on voit la typographie à l'écran sont en anglais… Je ne peux pas m’empêcher d’y trouver un regard américain sur la question allemande de la culpabilité.

Michel Deville avait réalisé un film en 1988, La lectrice, avec (entre autres) Miou Miou et Patrick Chesnais – césarisé en 1989 –, film qui obtint le prix Louis Delluc en 1988. Kate Winslett a reçu l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans The Reader.

Est-ce que le cinéma s’intéresse à ce point à la lecture (à voix haute) ? Est-ce que le cinéma est, en quelque sorte, une lecture à voix haute ? Est-ce que le(la) spectateur(spectatrice) s’identifie à celle (celui) qui écoute ou à celui (celle) qui lit ? Est-ce qu’il(elle) s’identifie ? « Et vous, qu’auriez-vous fait à ma place ? » demande Hanna à un certain moment du film.

La lecture et la sensualité vont de pair dans les deux films cités. Dans The Reader, l’écoute des récits (L’Odyssée, La dame au petit chien, L’amant de Lady Chatterley, Huckleberry Finn…) dans l’intimité crée cette symbiose (c’est par Michael que Hanna vit ces aventures). Hanna réagit vivement aux lectures (elle ne va pas au cinéma, semble-t-il, elle n’a pas la télévision) qui n’existent que par la voix du liseur. Cette intimité est essentielle et la lecture fait partie de la relation amoureuse. Celui qui lit se lie en donnant sa voix.

C’est ce plaisir du don et de la réception de la lecture, « ce vice impuni » (comme l’écrit Valéry Larbaud), que cherche Hanna, et qu’elle trouve dans l’isolement où elle finit son existence. La vie réelle, l’Histoire (« avec sa grande hache », selon l’expression de Georges Perec), elle les subit, elle s’y plie.

« Ce n’est pas ce que nous pensons qui importe, c’est ce que nous faisons », dit un professeur d’université. Que faisons-nous quand nous ne lisons pas? Que faisons-nous quand nous lisons ?

Certes, cet article n’aborde pas tout ce qui peut faire polémique dans le film. Il évite, en tout cas, de raconter le film qui, comme le livre, tient son intérêt dramatique dans le retournement de point de vue que l’on vit avec le narrateur. Mais d’autres sites, d’autres blogs le feront. Et puis, ce qui importe, c’est la discussion qui naîtra entre spectateurs et spectatrices à l’issue de la projection et dont la rédaction d’un article ne suffirait pas à rendre compte.

Faut-il noter que Ralph Fiennes, acteur anglais récompensé pour son interprétation d’œuvres de Shakespeare et qui joue ici admirablement Michael Berg adulte, jouait le rôle du commandant du camp dans La liste de Schindler (et incarne Voldemort dans Harry Potter), et que Bruno Ganz, acteur suisse germanophone co-fondateur de la Berliner Schaubühne et qui interprète ici le rôle d’un professeur de droit, jouait le personnage de Hitler dans La Chute ?

Encore un mot : à la fin du générique du film de Stephen Daldry, paraît la liste des livres évoqués, lus en partie, qui apparaissent à l’image, comme autant de personnages.

Commentaires
M
Je viens de terminer ce livre,ça nous laisse tout bizarre.<br /> C'est fou ce que la lecture peut apporter!<br /> Alors éteigner vos téléviseurs et à vos bouquins!
Répondre
main tenant
main tenant
Derniers commentaires