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26 juillet 2009

Anselme Boix-Vives

boix_vives_afficheAnselme Boix-Vives raconte qu’il a vu dans la lune, lorsque, enfant, il gardait ses troupeaux en Espagne, tous les êtres qu’il a peints beaucoup plus tard, après toute une vie, après avoir quitté son pays natal pour vivre en France, et y avoir exercé le métier de marchand de primeurs. On doit à cet homme un « manifeste pour la paix mondiale » qui sera négligé par ses destinataires (le Général de Gaulle, la Reine d’Angleterre, le Pape, et même Brigitte Bardot !). En 1962, sa femme meurt, il laisse son commerce à l’un de ses fils et se met à peindre (plus de 2000 œuvres), activité qu’il mènera jusqu’à ses derniers jours, en 1969.

Par certains aspects de sa biographie, il me fait penser au personnage de Philip Roth, Un Homme, qui, lui aussi, se met à peindre après l’âge de 60 ans. Anselme Boix-Vives se prend au jeu de la création artistique : il expose d’abord dans ses propres locaux, puis est remarqué très vite par les surréalistes.

Quand on franchit le rideau noir de la salle d’exposition, c’est tout un monde qui s’ouvre sous nos yeux ou plutôt ce sont des yeux qui nous observent. Ce sont les éclairages et la disposition des œuvres dans la salle qui nous invitent à venir plus près de ces habitants de la lune dans leurs jardins, de ces êtres humains au large sourire, aux bras souvent le long du corps, qui semblent nous attendre depuis une éternité. Anselme Boix-Vives n’a pas de maître. Ses modèles sont dans une imagination qui ne doit qu’à ses visions d’enfance. Certains évoquent Séraphine de Senlis, mais, à part peut-être une façon de poser la peinture sur la toile, ces deux-là différent par beaucoup d’aspects. L’emplacement de la signature peut-être, pour commencer, Séraphine mêlant la sienne aux feuilles peintes, Anselme affirmant la sienne presque sur toute la largeur de la toile. Si l'une et l'autre ont tendance à remplir de couleurs leurs toiles, Anselme Boix-Vives ne se laisse pas attraper par le désir du symétrique, il ne partage pas sa toile en deux parties égales ; même dans ses représentations de feuillages, la dissymétrie s’impose par une branche dans le coin en bas à gauche qui se relève tandis qu’à droite une autre branche penche ; et ses personnages ont l’air de tourner sur eux-mêmes, bien qu’à première vue la fixité semble la règle. Art singulier, dit-on de ces artistes inclassables. Singulier, c’est-à-dire incomparable.

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