L'Arbre des Voyelles, de Giuseppe Penone
Il faut, de temps en temps, prendre le chemin qu’on ne prend jamais. C’est le meilleur moyen de voir ce qu’on n’imaginait pas. C’est ce qui m’est arrivé avec l’Arbre des Voyelles de Giuseppe Penone installé dans le Jardin des Tuileries il y a une dizaine d'années, réplique en bronze d’un arbre abattu par une tempête dans la région de Turin et dont l’artiste a relevé l’empreinte qui lui a permis de réaliser cette sculpture.
Alors que les Tuileries, musée de la sculpture à ciel ouvert, présentent des œuvres dont le principal sujet est l’homme ou l’animal, Penone couche un tronc de chêne sur un carré de nature. Cinq arbres (cinq voyelles ?) poussent au contact de l’œuvre et une végétation abondante l’entoure. L’œuvre d’art survit à la mort, mais elle met aussi en évidence la force obstinée de la vie.
"Bûcherons et charpentiers savent qu'on peut connaître l'âge d'un arbre qui vient d'être coupé. Il suffit de compter, sur sa tranche, les anneaux concentriques de couleur foncée. Chacun d'eux correspond à une de nos années, et cela est facile à comprendre : au printemps, les arbres poussent vite, le bois qui se forme est clair et léger comme la chair d'un gâteau. A l'automne, la croissance ralentit, s'arrête presque : le bois d'automne est dense, dur et foncé comme la croûte du gâteau. C'est ce bois qui dessine les anneaux foncés dans le corps de l'arbre. Si une vie d'homme se compte en printemps, une vie d'arbre se compte en automnes." (Didier Semin - Le Sablier de Penone - édité par L'Echoppe)