Wakan Tanka
L’Atelier de l’Orage, en région parisienne, n’a pas choisi la facilité. Il s’est installé voilà près de vingt ans dans un village de l’Essonne, pour y faire un travail de proximité, en cohérence avec ses choix formels. En effet, la scénographie de ses spectacles inclut toujours les spectateurs. La compagnie met en scène des récits, des histoires, des contes, où la préoccupation semble être d’évoquer le sacré pour parler du profane, d’invoquer le ciel pour regarder comment on vit sur terre.
Ainsi, dans Wakan Tanka, inspiré d’un conte amérindien, les premières paroles sont pour raconter la création de la terre et des étoiles, rythmée par le son de percussions traditionnelles qui nous jettent dans le monde avec un enfant sourd qui va subir le rejet de ses proches, car tout n’est pas amour dans la société des hommes, puis s’exiler volontairement pour trouver ce qui soulagera les vieux jours de ses parents adoptifs.
C’est dans l’art de raconter qu’excelle l’Atelier de l’Orage, et, ici, raconter sera déposer dans la tête des spectateurs de quoi reconstituer le récit des origines. Peu de choses suffisent à structurer ce récit : des pierres pour dire le campement de la tribu, des morceaux de bois pour matérialiser une étape, un tissu pour faire un manteau, un filet et d’autres objets récupérés au bord de l’eau pour le costume de l’esprit du lac. Peu de choses si l’on compare avec la débauche d’effets d’une comédie musicale, comme le faisait remarquer un enfant après le spectacle.
C’est un théâtre en rond : une assemblée humaine à l’image de l’assemblée des astres. Les comédiens jouent sur le plateau au centre mais aussi parmi les spectateurs. Et c’est au cœur de cette assemblée que la magie opère : ces pierres, ces bois flottés, le sable qui chante et dessine une spirale, l’apparition des chiens-esprits.
La proximité est une intention totalement assumée : pour s'en convaincre, il suffit de surprendre les regards échangés entre comédiens et public, de saisir un sourire de l’un ou de l’autre, de sentir sur son épaule le toucher délicat et amical de la main d’une marionnette.
L’Atelier de l’Orage sera en juin à Boussy-St-Antoine. (cliquer sur l’affiche pour accéder au site de la compagnie)