Les infinitifs mathématiques d'Eglantine Colon
Une photo de la bibliothèque universitaire de St Denis, le 24 janvier, vous avait fait découvrir le blog d’Eglantine Colon. J’y retourne régulièrement. Il faut y suivre les infinitifs par lesquels elle range image après image : aligner, centrer, découper, dédoubler, diviser, inviter, isoler, retravailler, s’approcher, saisir, surplomber.
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Je me laisse volontiers prendre au jeu des chiffres comme dans cette photo de l’Université Paris 8 publiée le 23 mai, dans la catégorie « diviser » : le bus qui passe devant l’Université porte le numéro 253, c’est-à-dire les chiffres de la date de publication (23/5) dans un autre ordre; ces trois chiffres (2, 3 et 5) commencent la liste des nombres premiers (un nombre premier est un entier naturel qui admet exactement deux diviseurs distincts entiers et positifs, qui sont 1 et lui-même). De plus, si on additionne 3 et 5, on obtient 8, soit le numéro attribué à l’Université de Vincennes - St Denis. Les lignes verticales et horizontales de cette photo (lampadaire – avec 2 têtes –, vitres de la façade – qui sont au nombre de 7, c'est-à-dire 2+5, soit le nombre premier suivant dans la liste –, nom de l’Université – en 16 caractères, 2x(3+5) –, le bus dans toute sa longueur – où l'on peut compter 15 points de couleur sur une ligne basse, soit 3x5, et 4 points sur une ligne un peu plus haute, soit (3+5)/2 – …) divisent l’image en plusieurs rectangles dont la disposition renforce cet effet chiffré. La photo a été prise il y a 2 ans, mais sa publication cette année coïncide avec les 40 ans de l'Université, et 40 = (3+5)x5 ! Enfin, la signature chiffrée de la photographe est 35n, ce qui reste mystérieux, à moins que cette photo ait un aspect autobiographique...
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Le 24 mai, dans la catégorie « aligner », Eglantine Colon surprend la Place de la Concorde dans une belle lumière de pluie. Peu de voitures, cela lui permet de rythmer la photo grâce aux lignes verticales des lampadaires, de l’Obélisque et de la Tour Eiffel au loin. Ce qui donne sa particularité à la photo, outre le fait que, contrairement à la photo précédente, il n'y a pas de parallèles horizontales, c’est que Tour Eiffel et Obélisque semblent dans l’alignement initié par la courbe des plots de béton au premier plan de l’image et que le point d’intersection des diagonales de la photo est à peu près matérialisé par le pied du premier lampadaire à tête unique. Mais, peut-être cet alignement apparent est-il trompeur, puisque, si vous suivez la ligne de ces lampadaires, vous arrivez au toit du Grand Palais. Obélisque, Tour Eiffel, Grand Palais, trois monuments emblématiques de Paris, forment donc un triangle sous le regard de la statue représentant Strasbourg. Et les proues des navires des deux colonnes rostrales, à droite de la statue, dans cette ambiance pluvieuse, toute gorgée d'eau, flottent au dessus de la ligne de faîte des arbres, comme le dit la devise de Paris : Fluctuat nec mergitur (autrement dit : c'est agité par les flots et ça ne sombre pas)...
C’est cette façon de poser le regard sur l'architecture et l'urbanisme, et de nous y inviter, qui me plaît dans les photos d’Eglantine Colon (lien dans la colonne de droite).