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24 avril 2009

Festival du Devant de la Scène (MJC Paris Mercoeur) 2

jeantristetlorettapringJEAN TRISTE ET LAURETTA PRING

Compagnie Léla

Lola Molina écrit. Lélio Plotton met en scène. C’est la Compagnie Léla.

J’avais vu Jocaste, un spectacle étrange à mes yeux, pas facile d’accès. Je me suis demandé si c’était parce que je suis un homme et que le propos développé sur la condition féminine m’échappait. J’en avais apprécié un prologue, dit face au public, où la femme qui allait être au centre de la pièce annonçait son départ. Et puis je m’étais perdu dans la suite, ou plutôt je ne m’y retrouvais pas. Il me fallait donc voir cette autre création de la Compagnie : Jean Triste et Lauretta Pring.

Voilà : c’est un texte, servi sur un plateau. Il y a dans l’écriture de Lola Molina une façon de s’adresser au public qui l’inclut dans le processus en cours mais sans aucune forme de racolage. Les porteurs du texte sont deux ici, un homme, une femme. L’un et l’autre seront la voix et l’apparence de plusieurs personnages. Pas d’effet spécial, des lumières qui disent simplement l’espace. Costumes et décor sont en noir et blanc. Pas un film à l’ancienne. On se dit qu’il manque seulement du rouge, mais de se le dire, on l’imagine. Le texte est simple, sa construction oblige le spectateur à entrer en jeu, à intégrer le spectacle dans sa propre boite crânienne et l’y reconstituer. La temporalité est bouleversée. Y a-t-il un avant et un après, un avant quoi ? un après quoi ? On sait bien qu’il y a un mariage, une procréation assistée, racontée comme un épisode de la Nouvelle Star. Ce n’est pas une lecture, c’est du théâtre qui dit des choses difficiles à dire : le désir d’enfant est-il naturel ? une femme, cette Lauretta Pring, n’est-elle heureuse que lorsqu’elle est enceinte ? et que faire du nouveau-né ? que faire d’elle-même ? Toute une société l’entoure, l’étouffe, lui fait peur. C’est cette peur qui est palpable dans les mots, dans les silences. Ce spectacle ne manque pas d’humour pourtant. Il n’y a pas de musique (sauf deux fois pour indiquer une sorte de changement de chapitre), mais il y a les pas des personnages dans le décor entièrement fait de papier bulle, et les pas font claquer les bulles. C’est minimaliste : ça dit « en cloque » et ça crève.

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