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main tenant
7 avril 2009

Dans ma maison sous terre

dansmamaisonsousterreChloé Delaume est un personnage de fiction. Dans Les juins ont tous la même peau, elle explique comment elle a décidé non pas de faire des métaphores mais d’en être une. Et elle choisit de s’appeler Chloé comme l’héroïne de L’Ecume des Jours de Boris Vian, et dont la lecture du récit de la mort en cours de français la fait pleurer. Delaume lui viendra d’Antonin Artaud réécrivant La traversée du miroir de Lewis Carroll, sous le titre l'arve et l'aume qu'il parvient à faire publier quelques semaines avant de mourir.

Chloé Delaume est un avatar des Sims, un jeu vidéo de simulation de vie de personnages fictifs. C’est avec Corpus Simsi que j’ai trouvé de l’intérêt à lire Chloé Delaume. Sa réflexion sur le personnage de fiction m’a séduit, dans un monde qui multiplie les personnages (pseudos, jeux multimédia, etc.). Récemment, dans le métro, j’ai entendu un jeune homme dire : « On était morts et on ne le savait pas. » Cette phrase m’a reconduit à la lecture de Chloé Delaume, Dans ma maison sous terre.

Elle s’y promène dans un cimetière avec Théophile. Et ils discutent. Et surtout, ils écoutent la petite musique des morts. Chaque mort a sa musique. Chloé est animée d’une puissante volonté de meurtre. Elle vient sur la tombe de sa « mère avec le grand-père dessus ». Elle n’entend pas ce que ces morts ont à lui dire. Elle sait ce qu’elle a vu enfant (son père tuant sa mère et retournant l’arme contre lui), elle l’a raconté dans Le Cri du Sablier. Mais elle n’a aucune explication.

Cruel, cru, dans un rythme qui charrie les mots, ce texte explore, une nouvelle fois, la fabrique du personnage de fiction avec des morceaux de réel. Pour moi, ce n’est pas tant le récit de la tragédie familiale qui me touche dans les livres de Chloé Delaume que cette façon qu’elle a de construire son personnage, avec énergie. Pas d’exhibition à la Christine Angot. S’il y a autofiction, ce n’est pas en se mettant complaisamment au centre d’une histoire, c’est en construisant livre après livre cette femme, survenue en 1999 dans le corps d’une femme née en 1973.

Dans ma maison sous terre, elle rencontre des morts, pas des morts-vivants, de vrais morts. Elle parvient à écouter certains d’entre eux, elle enquête dans les familles, cela donne des moments d’une extrême tension et d’autres où le lecteur se surprend à rire.

Comme toujours, la forme de ce livre est originale : des lettres, des dialogues, des paragraphes isolés, des chapitres d’une seule page, etc. Et, à la fin, elle, dont la vie naît des morts, nous invite à écouter les musiques sur son site, pour que les morts aient le dernier mot.

cliquer sur la couverture du livre pour accéder au site de Chloé Delaume

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