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31 mars 2009

Gran Torino

gran_torino_afficheGran Torino, c’est une Ford. Walt Kowalski a travaillé dans cette entreprise toute sa vie, excepté quand il a fait la guerre en Corée. L’industrie automobile n’est plus ce qu’elle était. Kowalski sait qu’il a créé et installé telle ou telle pièce dans le moteur du véhicule. C’était à l’époque où des ouvriers ont gravé leurs initiales sur les éléments qu’ils manipulaient. Mais c’était aussi l’époque où la production en série a eu besoin, pour faire du profit, de fabriquer des objets jetables. Et où il a fallu multiplier les postes de «commercial». Pour vendre et faire vendre plutôt que de réfléchir à ce qu’il était nécessaire de produire. Une génération d’ouvriers a donné naissance à une génération de vendeurs… Le fils de Kowalski est « commercial ».

Clint Eastwood ne s’arrête pas à ce conflit générationnel, mais c’est de cela pourtant qu’il est question dans Gran Torino. Un vieil homme qui vient d’enterrer la femme avec qui il a élevé deux garçons se retrouve seul, dans un contexte qui n’est sans doute pas celui dont il avait rêvé quand ils ont acheté cette maison dans un quartier fui par les américains de souche. Bien sûr, le film montre qu’il n’y a pas d’américain de souche, immigrants polonais, italiens, latinos, asiatiques se succèdent sur cette terre. Mais la vieillesse est au cœur du film et Clint Eastwood a le génie de la narration.

Vieillir, c’est se faire appeler « Pépé » dans la rue, c’est devoir rencontrer des « jeunots » dans des fonctions telles que prêtre, policier. C’est aussi avoir à affronter les souvenirs qu’on a enfouis année après année. Et il nous fait rire, le réalisateur-acteur, maniant l’autodérision avec talent, jusqu’au dénouement où on ne rit plus du tout.

Si vous vous laissez mener par une intrigue où le raciste deviendrait un bon voisin (mais tous les racistes prétendent avoir un ami d’une autre couleur de peau !), vous passerez sans doute à côté de Gran Torino, qui est plutôt, à mes yeux, une histoire de transmission, une réflexion sur la filiation, et sur la violence qu’il faut se faire pour accepter ce monde tel qu’on l’a vécu et, par là, le faire changer.

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