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main tenant
22 mars 2009

Un quatuor du Nord

Mon frère est allé à la rencontre de quatre écrivains, dans le Nord de la France. Il m’envoie ce courriel :

« Lucien Suel a lu un passage de Mort d'un jardinier (voir dans ce blog, le 3 février) et, jubilatoire, son Patti Smith en Picard (vient de paraître avec traduction(s)  et CD)
Dominique Quélen a lu un bout de Loque et une page de Système (le Porridge). C'est souvent inattendu et parfois bien drôle. 
Ludovic Degroote, et pour moi c'est une découverte, devait lire quelques-unes de Soixante-neuf vies de mon père mais il s'est lancé (avec une sorte de fureur), dans la lecture de son impressionnant dernier texte  Un petit viol
Enfin l'inimitable Charles Pennequin nous a fait entendre un bout de La ville est un trou, puis quelques inédits et une improvisation (il enregistre sur un dictaphone) à partir de "tu m'aimes" etc.
Le tout en 1 heure 30 et dans l'auditorium d'une médiathèque plein à craquer (environ 80 personnes, je n'aurais pas cru en voir autant !). On a aussi parlé du rapport entre le lu et l’entendu, l’écrit et le dit, bien sûr… »

Je m’autorise à publier de courts extraits des textes évoqués ci-dessus.

lucien_suelLucien Suel :

Omodaou, jaété à Dranouter in Belgique, pouchfestivalfolk.
Au mois d’août, je suis allé à Dranouter en Belgique pour le Folk Festival.
Chéponlon deummazon.
Ce n’est pas très loin de chez moi.
Ji éto aveukeum fill.
J’y suis allé avec ma fille.
Chétel kalavovoulu keujvach aveukel,
C’est elle qui avait voulu que je l’accompagne.
Chétopourvir Patismit, lkanteuss.
C’était pour voir Patti Smith, la chanteuse.
Inllaker toulédeu.
On l’apprécie tous les deux.
Pi, Patismit alé deumnach, ékankala kominché akanté, al avo lach deumfill asteur.
Patti Smith a le même age que moi et quand elle commencé à chanter, elle avait l’âge de ma fille.

Lu sur le blog de l’auteur,SILO (voir ci-contre)

dominique_quelenDominique Quelen :

Un truc simple, intelligible et drôle. Un fond sonore mais pas exactement. Car je n’ai mal que quand je respire, tu vois. Je lis chaque matin un magazine énergisant et je suis boosté pour la journée. On ne dirait pas, mais ça me permet de tenir par imprégnation du cœur où tout est enseveli sous des couches. Ce qu’il faudrait c’est un bon conseil et le fac-similé d’une page où seraient inscrits ces mots : il a failli. Un bon lecteur habillé façon chippendale, en esthète. Un truc bien bluffant qui agrémente et enrichit ton vocabulaire et ta syntaxe. Une guêpe qui pourrait piquer deux fois, trois fois, avec points-poésie à collectionner. A commencer par le podium des mots en f, un classique, un superbe triumvirat : facture, fadeur, fair-play. Archivage autorisé, huit points ; boulette de mots, cinq ; bandage, trois. Réception des verbes du premier groupe.

Lu sur le site plexus S

ludovic_degrooteLudovic Degroote :

Je suis né le 2 avril 1920 à Hazebrouck, au 41 de la rue du Rivage, et mort à La Madeleine le 9 juin 1989, 143 avenue de la République. Né chez moi, mort chez moi. Entre ces deux dates, ma vie. Je crois qu’en mourant j’ai laissé quelque chose qui ne m’appartenait plus. Quelque chose que je n’ai jamais dit ni même raconté ni même cherché à exprimer, mais qui a constamment été là, fait de fragments, de bribes, de bouts, auxquels les limites déterminées par mes dates de naissance et de décès donnent, sinon un sens, du moins une espèce d’unité. En mourant il me semble avoir abandonné quelque chose qui ne m’appartenait pas, dès le début, quelque chose qui au fond faisait que je n’étais même pas le début, qu’il n’y avait pas de commencement mais une simple inscription dont la complication provenait de ce que je cherchais à lui fournir un sens et une unité. Un peu comme lorsqu’on entre quelque part, on laisse son manteau au vestiaire, et puis, à la fin, quand on repart, on le reprend; ça n’est pas ça qui donne du sens à la visite, ça en indique juste l’heure. 

69 vies de mon père (édition Champ Vallon) 

charles_pennequinCharles Pennequin :

Je m’occupe. Je m’angoisse. Je voudrais m’occuper. Occuper mon angoisse. Et occuper toutes les autres. Toutes les angoisses. Tout prendre et tout mettre là. Et puis après redistribuer, comme des maillots de foot. Chacun son maillot angoissant. On fait des équipes. On s’angoisse en groupe. On a des chapelles d’angoisses. Et on prie pour que ça dure.

La ville est un trou, suivi de Un jour (P.O.L.)

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