Guadeloupe
Ou sav jou a ‘w pa lwen ;
Tu sais que ton jour n'est pas loin ;
ou ka filé lang a ‘w pou lapèldéchanpyon,
tu effiles ta langue pour l'appel des champions,
ou ka paré tout mo a ‘w pou chouboulé kè a moun,
tu prépares tous tes mots pour chambouler le coeur des gens,
pou fè zyé an nou plen dlo,
pour faire que nos yeux se remplissent d'eau,
pou nou anrajé,
pour que nous enragions,
pou nou lévé tout ansanm,
pour que nous nous levions tous ensemble,
maré ren an nou séré
amarrions nos reins serrés
é désidé nou a rantré o konba !
et nous décidions à rentrer au combat !
Anbenn, ou ka véyé lè a ‘w :
En douce, tu surveilles ton heure :
lè moun péyi an nou dépi Lansbètran jis Vyéfò,
l'heure où les gens de notre pays depuis l'Anse-Bertrand jusqu'à Vieux-Fort,
dépi Marigalant jis Dézirad,
depuis Marie-Galante jusque la Désirade,
ké wouparèt nèf, pòtré a on timoun ki sòti fèt,
réapparaîtront neufs, tel un enfant qui vient de naître
ki sòti an vant a lalit.
qui est sorti du ventre de la lutte.
Ha, tanboudibrèz !
Ah !, tambour de braise !
Tanbou Gwadloup !
Tambour de la Guadeloupe !
Fout ou jenn lè lidé-lasa vini an lèspri a ‘w !
Foutre que tu es jeune quand cette idée te vient à l'esprit !
Soni Ripè (Sony Rupaire)
1970
Cette igname brisée qu'est ma terre natale
La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain. Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables "producteurs" – chefs d’entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes – incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant. Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique.
Ernest Breleur, Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Gérard Delver, Edouard Glissant, Guillaume Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar, Jean-Claude William
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