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10 février 2009

Maguy Marin

maguy_marinTurba dérange. C'est la pièce de Maguy Marin présentée au Théâtre de la Ville (Paris).

Est-ce de la danse? Sans doute les spectateurs sortant, par exemple, d'une projection de Benjamin Button répondront non, ce n'est pas cette danse classique, codifiée, rassurante, qu'on voit dans le film. Mais ceux qui attendent un mouvement des corps, pas forcément harmonieux, mais qu'il y ait des élans, des portés, ceux-là aussi diront non. Le plateau est trop encombré pour que les danseurs fassent autre chose que s'y frayer un chemin pour venir vers les spectateurs, et repartir. L'encombrement est l'immuable, gardé par une sorte d'évêque, des militaires, l'ordre social. Immuable qui sert l'immobilisme du pouvoir, quel qu'il soit.

velazquezCet ordre va pourtant être chamboulé. Et Maguy Marin dispose alors la scène dans l'esprit des Ménines de Velasquez : costumes et pose de l'infante, plusieurs plans successifs  jusqu'au miroir où, pour reprendre l'interprétation de Michel Foucault, se reflète l'image du spectateur, l'être humain, pas le roi. Et la musique vivante arrive sur scène.

Pourquoi avoir construit ce spectacle autour du texte de Lucrèce (De natura rerum – Sur la nature des choses – 1er siècle av.JC) ? Parce qu'il s'en prend déjà à la religion qui fait obstacle à la connaissance ? Parce qu'il parle de la naissance du mouvement ? Parce qu'il recommande de ne pas craindre la mort en ce sens qu'elle permet de laisser la place aux générations suivantes ?

Pas de réponse, des questions. On peut en être agacé. On peut y perdre tout repère, quand bien même les références n'étant pas ancrées dans ce siècle pourraient baliser le propos. Y perdre son latin...

Je ne sais pas si j'ai vu un spectacle de danse, mais j'ai vu un spectacle qui continuera à travailler dans ma tête au-delà de la soirée même. Un spectacle avec lequel je suis entré en dialogue.

(...) les nuages qu'on voit
parfois dans la hauteur aisément s'assembler,
et, de leur mouvement qui caresse les airs,
du monde violer l'apparence sereine :
car souvent on croit voir des faces de géants
voler en projetant leur ombre largement,
et parfois de grands monts et des rocs éboulés
passer devant des monts et devant le soleil,
puis composer un monstre avec d'autres nuages.
(Lucrèce)

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